Après trois mois de consultations, de réflexion et d'hésitation, le président américain Barack Obama dévoilera aujourd'hui sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan, au cours d'une allocution qu'il prononcera dans la prestigieuse académie militaire de West Point, dans l'Etat de New York. C'est la "fuite organisée" dans la presse américaine d'un "rapport confidentiel" du général Stanley Mc Chrystal, commandant en chef des forces armées alliées en Afghanistan, qui a mis le feu aux poudres et contraint le locataire de la Maison-Blanche à un débat quasi public sur la question. Ce rapport évoquait rien moins que le risque de perdre la guerre d'Afghanistan si l'on ne consentait pas un renfort substantiel de quelque 40 000 hommes. Et, comme pour étayer la thèse de la défaite possible, évoquée officiellement pour la première fois depuis le début des opérations, il y a huit ans, les talibans ont infligé les plus lourdes pertes jamais enregistrées à l'armée américaine au cours de l'été. Or, pour Obama, s'il y a une guerre qu'il n'est pas question de perdre, c'est celle-là. Tout au long de sa campagne électorale, mais aussi après son investiture à la Maison-Blanche, il n'a cessé de la qualifier de "guerre juste", en opposition à la "guerre idiote" qui a détruit l'Irak et terni l'image de l'Amérique. Mais les choses se sont compliquées pour le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, parce que non seulement la guerre d'Afghanistan est devenue presque aussi impopulaire que celle d'Irak, mais son propre camp et son administration même sont divisés. Si certains de ses conseillers joignent leurs voix à celles des républicains qui souhaitent donner satisfaction à la demande de renfort exprimée par le général Mc Chrystal, d'autres n'hésitent pas à préconiser plutôt un plan de retrait des troupes installées en Afghanistan, estimant que, de toute manière, cette guerre "n'est pas gagnable". "L'attitude des alliés occidentaux, qui ont marqué le pas et montré leur réticence à consentir de nouveaux efforts en matière d'envoi de troupes, mais aussi le prix Nobel de la paix qui lui a été attribué à la surprise générale n'ont pas facilité les choses à Obama et expliquent, en partie, qu'il ait mis si longtemps à prendre une décision. Anticipant l'annonce du président américain, le Washington Post, citant des sources très proches du dossier, révèle que Barack Obama a décidé d'envoyer 9 000 marines dans la province du Helmand, dans le sud de l'Afghanistan, où les talibans sont le mieux implantés et où les combats sont les plus meurtriers. Il doublerait ainsi les effectifs militaires alliés présents dans cette zone, sitôt après son annonce. Les 9 000 marines seraient sur le terrain des opérations dès le mois de février 2010, ainsi que 1 000 instructeurs voués à la formation de militaires et de policiers afghans. De plus, croit savoir une partie de la presse américaine, Barack Obama annoncerait l'envoi de 34 000 soldats supplémentaires, étalé sur une durée de 12 à 18 mois. Ce faisant, le président américain prend la décision la plus difficile de son mandat en matière de politique étrangère. Et il y a fort à parier qu'elle pèsera lourd dans sa réélection ou non, en novembre 2012.