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Plan de vol exigé pour Aminatou Haïder, pas pour le putschiste guinéen Retour avorté au Sahara occidental de la militante sahraouie des droits de l'homme
Madrid n'a guère apprécié le revirement de dernière minute du Maroc, qui a décidé de ne pas autoriser l'avion transportant Aminatou Haïder à atterrir à El-Ayoune, prétextant l'absence d'un plan de vol, après l'avoir accepté une première fois. Agustin Santos, chef de cabinet du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, qui avait pris place dans l'avion devant transporter la militante sahraouie des droits de l'homme de l'île de Lanzarote au Sahara occidental, était dans tous ses états lorsqu'il a appris que les autorités marocaines avaient changé d'avis en refusant l'atterrissage à El-Ayoune. En effet, au risque d'une crise diplomatique avec l'Espagne, Rabat a interdit à la militante pro-Polisario Aminatou Haïder de rentrer au Sahara occidental vendredi soir par avion, après lui en avoir donné, dans un premier temps, l'autorisation, selon le gouvernement espagnol. Pis, le Maroc s'est déclaré étonné par les informations en provenance d'Espagne. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Taieb Fassi-Fihri, a souligné que cet étonnement "est d'autant plus grand que la position légitime et argumentée du royaume à ce sujet est parfaitement connue et qu'elle ne saurait changer". Voilà des déclarations, rapidement contredites par Agustin Santos, le chef de cabinet du ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, qui avait pris place dans l'avion, qui a déclaré à l'aéroport de Lanzarote (Canaries) : "Nous avions (obtenu du Maroc) les permis pour voler comme pour atterrir à El-Ayoune." Il explique que peu avant le décollage, "la personne qui était là-bas à la tour de contrôle nous a dit qu'il manquait un plan de vol déposé 24 heures à l'avance. Nous avons insisté, mais il n'a pas été possible de voler". Le chef de cabinet de Moratinos a toutefois souligné que la délégation accompagnant Mme Haïder espérait malgré tout pouvoir obtenir du Maroc un plan de vol pour le Sahara occidental, sans préciser quand. À propos de plan de vol, il y a lieu de relever que le royaume alaouite n'en a pas exigé pour accueillir sur son sol et le soigner le putschiste guinéen, Moussa Dadis Camara, blessé dans un attentat, responsable d'un massacre sans précédent qui a fait plus d'une centaine de morts dans un stade de Conakry. Isolé sur la scène internationale, le capitaine putschiste bénéficie de tous les égards au Maroc, alors que la militante des droits de l'homme, Aminatou Haïder, se voit refuser le droit de rentrer dans son pays, pour avoir contesté l'occupation marocaine. Pour en revenir aux développements de cette affaire, Mme Haïder a été débarquée de l'avion et reconduite en chaise roulante au terminal de l'aéroport au milieu de ses sympathisants. En début de soirée, elle avait mis un terme à une grève de la faim de 19 jours, alors que son retour semblait imminent. Réagissant à l'attitude de Rabat dans cette affaire, un responsable du Front Polisario à Madrid, Mhamed Jadad, a qualifié de "gifle" à l'Espagne l'apparente volte-face des autorités marocaines. "L'attitude téméraire du Maroc est un défi à l'Espagne qui l'oblige à réagir", a-t-il estimé. De son côté, le secrétaire général du Parti communiste espagnole, José Luis Centella, a réclamé la suspension des accords bilatéraux entre l'Union européenne et le Maroc "devant cette nouvelle atteinte aux droits de l'homme". Une réunion UE-Maroc est prévue demain à Bruxelles, et le cas d'Aminatou Haïder sera certainement évoqué. La vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, avait pressé dans l'après-midi à Mme Haïder de cesser sa grève de la faim, en promettant que Madrid poursuivait ses efforts diplomatiques pour régler sa situation.