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Aminatou Haïder, la femme qui fait trembler Mohammed VI Le Maroc persiste dans les violations des droits de l'homme et provoque une crise avec l'Espagne
Se croyant désormais en position de force, après les déclarations de soutien au royaume de la secrétaire d'Etat US, Hillary Clinton, Rabat durcit sa position dans le conflit du Sahara Occidental au point d'emprisonner et d'exiler les activistes sahraouis, comme c'est le cas d'Aminatou Haïder, d'où l'ire de l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, qui se voit réduite à un rôle de comparse. Le conflit du Sahara Occidental est entré dans une nouvelle phase avec le durcissement de la position marocaine vis-à-vis des activistes sahraouis des droits de l'homme. Cette attitude du royaume alaouite n'est que la conséquence des déclarations de la secrétaire d'Etat américaine aux affaires étrangères lors de son dernier passage au Maroc. Hillary Clinton avait, pour rappel, pris position en faveur de Rabat. S'estimant à partir de là en mesure d'imposer son point de vue, Mohammed VI avait prononcé quelques jours plus tard à l'occasion de l'anniversaire de la “Marche verte”, qui avait permis d'occuper le Sahara Occidental en novembre 1975 sous l'ère du roi Hassan II, un discours radical dans lequel il traitait les activistes sahraouis de “traîtres” à la nation marocaine. Il n'en fallait pas plus pour que sept militants sahraouis des droits de l'homme, de retour d'un séjour dans les camps de réfugiés de Tindouf soient emprisonnés pour le motif en question. Ils ne sont, en fait, que des victimes collatérales des déclarations d'Hillary Clinton, tout comme Aminatou Haïder, laquelle de retour le 13 novembre dernier des Etats-Unis, où elle avait reçu le “Prix du Courage civil” décerné par la Fondation John-Train, s'est vue refoulée de l'aéroport d'al-Ayoune vers celui de Lanzarote dans les îles Canaries espagnoles. L'obstination du Makhzen à refuser à la militante sahraouie de revenir au Sahara Occidental peut lui coûter cher, car nombreuses sont les voix qui s'élèvent à travers le monde pour demander le retour chez elle d'Aminatou Haïder. Ainsi, le Haut- commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, avait exhorté le Maroc et l'Espagne à faciliter le transfert, vers Al-Ayoune, d'Aminatou Haïder. Il a indiqué dans un communiqué que eu égard à la dégradation rapide de l'état de santé de Mme Aminatou Haïder, en grève de la faim à l'aéroport de Lanzarote depuis le 16 novembre, le haut commissaire lance un appel en vertu des bons offices du HCR et, pour des motifs purement humanitaires, aux gouvernements des deux Etats directement concernés, l'Espagne et le Maroc, afin d'envisager toute mesure pouvant faciliter son transfert et sortir de l'impasse actuelle. Idem pour le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui s'est déclaré “préoccupé” par les tensions “croissantes” entre le Maroc et le Front Polisario, tensions qui se sont accrues avec la récente détention de plusieurs groupes de militants sahraouis et le sort de la militante sahraouie Aminatou Haïder, comme l'avait annoncé auparavant sa porte-parole. Il a répondu par écrit à des lettres envoyées par le Front Polisario à ce sujet, a-t-elle ajouté lors du point de presse quotidien au siège des Nations unies à New York. De son côté, le coordonnateur avec la Minurso et membre du secrétariat national du Front Polisario, M'hamed Khaddad a dénoncé “l'entêtement” du Maroc à l'égard de l'affaire Aminatou Haïder qui observe une grève de la faim à l'aéroport de Lanzarote (îles Canaries). Dans une déclaration à l'agence de presse espagnole (EFE), M. Khaddad a estimé que le non-retour de l'activiste sahraouie Aminatou Haïder à Al-Ayoune occupée dénote de “la sévérité et l'entêtement” du Maroc. Ceci étant, l'attitude marocaine irrite au plus haut point Madrid et risque de donner une autre tournure au conflit, si l'on en juge par les nombreuses réactions nées des derniers développements de cette affaire. Il faut dire que le gouvernement espagnol, qui n'a pas assumé jusque-là son rôle d'ancienne puissance coloniale, n'a guère apprécié l'entêtement des autorités marocaines à refuser le retour d'Aminatou Haïder à al-Ayoune. C'est surtout l'exigence d'un plan de vol, excuse avancée par Rabat, qui a provoqué la colère des Espagnols, comme en témoigne la déclaration du chef de cabinet du ministère des affaires étrangères, Augustin Santos, lequel a affirmé qu'“il déplore profondément” cette décision “contraire au droit international”. Le diplomate ibérique ne s'est pas privé d'adresser une pique en direction du Maroc en ajoutant : “le gouvernement espagnol invite Mme Haïder à poursuivre sa lutte pour les droits de l'Homme et réitère sa proposition, si elle le juge utile à son combat, de lui accorder un statut de réfugiée ou la nationalité espagnole, jusqu'à ce qu'elle puisse retourner à al-Ayoune avec des documents marocains.” Enfin, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a souligné samedi dans son discours devant les participants au 7e congrès de l'Union de la jeunesse du Front Polisario que “le règlement du conflit du Sahara occidental exige une solution démocratique, la décolonisation définitive de la dernière colonie en Afrique à travers un référendum libre, juste et intègre”. Il a, à nouveau, averti que “si nous avons choisi la paix comme option, nous réaffirmons cependant que notre engagement est avant tout la lutte pour nos droits nationaux garantis par les chartes internationales, avec tous les moyens légaux y compris la lutte armée”. Il faut dire que la crise entre Madrid et Rabat a atteint un seuil au point où le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a reconnu hier que son pays connaissait des “difficultés” avec le Maroc sur le dossier de la militante sahraouie Aminata Haïder, mais qu'il fallait préserver les relations entre les deux pays.