Riyad poursuit sa lutte sans relâche contre les islamistes extrémistes liés à Al-Qaïda, dont six membres ont été tués lundi, tout en se défendant sur le plan diplomatique contre les accusations de complicité avec les attentats antiaméricains du 11 septembre 2001. Le royaume saoudien, soupçonné par les Etats-Unis de laxisme envers l'extrémisme religieux depuis ces attentats, s'estime être victime, et non complice, du terrorisme. Il avance comme preuve les attentats qui l'ont endeuillé, dont le plus récent a fait 35 morts le 12 mai dans des complexes résidentiels à Riyad. Après cet attentat, 150 extrémistes présumés ont été arrêtés, portant à quelque 300 le nombre des suspects détenus dans le royaume depuis les attaques aux Etats-Unis, selon les autorités. “Nous avons désormais la certitude qu'ils sont liés à Al-Qaïda et son chef Oussama Ben Laden, et ils seront jugés sur cette base”, a déclaré le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, cité hier par le quotidien arabe Asharq Al-Awsat. “La plupart des détenus ont subi une formation militaire dans des bases d'Al-Qaïda en Afghanistan, et une minorité d'entre eux aurait été formée dans le pays (Arabie)”, a-t-il ajouté. La police saoudienne, qui a multiplié les raids contre les islamistes, a tué lundi six d'entre eux et arrêté un septième, qui a été blessé, lors d'un raid dans la région de Qassim, au nord de Riyad. “Nous frapperons d'une main de fer (les extrémistes) et nous les éliminerons sans merci de notre pays pour protéger nos citoyens et défendre le royaume et ses intérêts supérieurs”, a répété le ministre de l'Intérieur. “Nous coopérons avec tous les Etats arabes et non arabes, car le terrorisme n'a pas de nationalité et la lutte antiterroriste nécessite la coopération de tous”, a dit le prince Nayef dans un autre entretien publié par le quotidien arabe Al Hayat. L'Arabie a dépêché son ministre des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, à Washington où il doit rencontrer le président George W. Bush, au moment où le royaume saoudien est au centre d'une polémique consécutive à la publication, jeudi, du rapport d'enquête du Congrès sur les attentats du 11 septembre. Quelque 28 des 900 pages de ce document ainsi que des passages consacrés, selon plusieurs sources concordantes au Congrès, à la description détaillée des financements saoudiens du terrorisme et à la coopération douteuse avec les Etats-Unis pour lutter contre Al Qaïda n'ont pas été rendues publiques à la demande de l'Administration Bush, invoquant des raisons de sécurité nationale. Le rapport a confirmé des informations de presse suggérant qu'un Saoudien, Omar Al Bayoumi, pourrait avoir été un agent du gouvernement saoudien, tout en ayant des liens étroits avec deux terroristes du 11 septembre, Khaled al Mihdar et Nawaf al Hazmi. Interrogé par Al Hayat sur l'éventuelle extradition de Omar al Bayoumi aux Etats-Unis, le ministre de l'Intérieur a exclu une telle possibilité. “Nous n'avions jamais remis un Saoudien à un Etat ou à une partie étrangère, et nous ne le ferons jamais”, a déclaré le ministre. L'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington, le prince Bandar Ben Sultan, avait vivement démenti qu'Al Bayoumi puisse avoir été un agent saoudien. Ces informations “sont sans fondement”, avait-il déclaré dans un communiqué. “L'idée que le gouvernement saoudien a financé, organisé ou était même au courant du 11 septembre est malveillante et totalement fausse”, avait-il insisté.