Les autorités saoudiennes se sont engagées à intensifier leur traque contre les islamistes radicaux, qualifiés de “diables”, après l'attentat suicide qui a fait 17 tués à l'ouest de Riyad et attribué au réseau terroriste Al-Qaïda. “Nous finirons par trouver les responsables. Nous les attraperons, quel que soit le temps que cela prendra”, a promis le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Nayef Ben Abdel Aziz, en inspectant la résidence Al-Mouhaya, dévastée samedi soir par l'attentat à la voiture piégée. “Ce sera la mission de tous les enfants de ce pays, notamment les forces de sécurité, jusqu'à ce que nous nous soyons totalement assurés que notre pays s'est débarrassé de tous les diables et les méchants”, a-t-il ajouté. L'attentat, vivement dénoncé de par le monde, a suscité l'indignation en Arabie où aussi bien les responsables politiques que la presse s'en prennent violemment à ceux qui commettent “ces actes criminels” au nom de l'islam. “Ce sont des assassins et des saboteurs et notre religion musulmane n'a rien à voir avec leurs actes criminels”, a déclaré hier le ministre saoudien de l'Information, Fouad Al-Farsi. La presse a abondé, hier, dans le même sens. Les auteurs de l'attentat de samedi “ont dévié des principes de l'islam (...) mais aussi des principes humanitaires, en s'attaquant à des personnes désarmées, dont des femmes et des enfants”, écrit le quotidien Al-Jazira. “Leur crime ignoble est contraire à la religion, à la foi et à l'humanité”, renchérit le journal Okaz, alors que son confrère Al-Youm note que les commanditaires du dernier attentat prouvent qu'ils “sont déterminés à combattre l'islam et les musulmans par leurs actes ignobles même s'ils utilisent l'islam comme couverture”. “Ceux qui ont cherché à commettre des attentats à La Mecque (...) avaient pour objectif de prouver que le royaume n'est pas en mesure d'assurer la sécurité des Lieux saints”, estime l'influent quotidien Al-Riyad. Les autorités saoudiennes ont annoncé la semaine dernière avoir déjoué un attentat et démantelé une cellule terroriste à La Mecque où, selon elles, deux “terroristes” s'étaient faits exploser jeudi. L'Arabie saoudite, qui abrite les lieux saints de l'islam à La Mecque et à Médine, s'est retrouvée en première ligne dans la lutte antiterroriste après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, dont 15 des 19 auteurs étaient des Saoudiens. Accusées de laxisme, les autorités du royaume se sont jointes à la guerre contre le terrorisme lancée par l'administration du président George W. Bush, avant d'intensifier leur traque contre les radicaux suspects après l'attentat du 12 mai à Riyad (35 tués). Depuis, cette traque s'est soldée par l'arrestation, selon l'Arabie saoudite, de quelque 600 suspects. Washington a fait part à Riyad de sa sympathie après le dernier attentat. En présentant ses condoléances au prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz, le président Bush l'a assuré que “les Etats-Unis étaient aux côtés de l'Arabie saoudite dans la guerre contre le terrorisme”, selon la Maison-Blanche. Le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, s'est félicité, après des entretiens à Riyad avec le prince Abdallah, de la “bonne” coopération saoudo-américaine en matière de lutte antiterroriste. R. I./Agences Inquiétudes Américaines L'attentat de Riyad, qui a fait ressurgir le spectre d'Al-Qaïda, a de nouveau placé l'Arabie Saoudite au centre des inquiétudes américaines en matière de terrorisme. Le président George W. Bush a appelé dimanche le prince héritier Abdallah Ben Abdel Aziz pour lui dire que les Etats-Unis “étaient aux côtés de l'Arabie Saoudite dans la guerre contre le terrorisme”, a rapporté la Maison-Blanche. Le secrétaire d'Etat adjoint, Richard Armitage, en tournée dans la région, est arrivé dimanche soir dans la capitale saoudienne où il devait discuter de la lutte contre le terrorisme. L'attentat de samedi soir “est probablement l'œuvre d'Al-Qaïda, le réseau terroriste d'Oussama Ben Laden”, a-t-il déclaré à son arrivée. L'objectif d'Al-Qaïda “est de renverser le gouvernement saoudien mais aussi de susciter la peur et de répandre la terreur”, a ajouté M. Armitage qui devait s'entretenir dans la soirée avec le prince héritier, homme fort du royaume. L'attentat à la voiture piégée dans la nuit de samedi à dimanche a fait 17 morts, dont cinq enfants, selon le ministère de l'Intérieur saoudien. À Washington, le département d'Etat a indiqué que plusieurs ressortissants américains avaient été légèrement blessés, sans donner leur nombre exact. Washington avait envoyé, avant même cet événement, des signaux d'alarme en annonçant, notamment, la fermeture de son ambassade à Riyad et en affirmant que des menaces d'attentats étaient passées de la phase de conception à celle de l'exécution. Un membre de la commission du renseignement du Sénat a indiqué dimanche que son instance avait été informée il y a une semaine environ qu'un tel attentat pourrait être imminent. “Et c'est ce qui est arrivé”, a déclaré le sénateur républicain Pat Roberts sur la chaîne de télévision Fox News. Cet attentat survient alors que les Etats-Unis se félicitent d'avoir renforcé leur coopération antiterroriste avec le royaume depuis les attentats du 11 septembre 2001, et plus particulièrement depuis une série d'attentats commis à Riyadh le 12 mai dernier. Le sénateur Roberts a souligné que la coopération antiterroriste avec Riyad était “bien meilleure” qu'autrefois. L'évolution de l'Arabie saoudite est suivie avec une attention toute particulière à Washington depuis les attentats du 11 septembre 2001, dont 15 des 19 auteurs étaient d'origine saoudienne. Une partie de la classe politique et des médias américains n'a depuis cessé de stigmatiser l'attitude jugée ambiguë du royaume, accusé d'être à la fois proche allié des Etats-Unis et une source de soutiens importants pour les mouvements fondamentalistes islamistes. Le sénateur démocrate Joseph Biden a souhaité dimanche, sur la chaîne CNN, que cet attentat “soit un signal de réveil pour le régime saoudien et stoppe le soutien indirect à Al-Qaïda”. Son homologue républicain Chuck Hagel a ajouté “qu'il ne fait aucun doute que les Saoudiens sont nos amis, mais ils vont devoir en faire davantage pour traiter le problème” du terrorisme. L'administration américaine s'est, pour sa part, efforcée de traiter en douceur avec cet allié, premier exportateur mondial de pétrole et voisin de l'Irak, dont la déstabilisation aurait des conséquences catastrophiques.