Jaloux de leurs traditions de tolérance, les Hollandais ne veulent pas céder un iota de cet héritage malgré la montée en puissance de l'extrême droite. Mais cette intégration tant souhaitée par les pouvoirs publics et à laquelle tous les moyens sont donnés semble problématique. Lors d'une conférence organisée mardi dernier à l'Institut de l'immigration et des études sur les ethnies, relevant de l'université d'Amsterdam, le professeur Floris Vermenlen s'est interrogé, à travers une étude, si l'intégration a échoué ou si elle prend beaucoup plus de temps qu'il n'en faut. Si la diversité est perçue de façon positive, il n'en reste pas moins que les différences dans les positions sociales et économiques des minorités ne sont pas de nature à faciliter l'intégration. D'où cette conclusion que la diversité et l'intégration ne font pas forcément bon ménage. Les solutions mises en œuvre par les autorités néerlandaises, malgré la pression exercée par l'extrême droite, visent à prendre en charge les minorités, notamment les immigrés musulmans, à travers les écoles, les mosquées et des petits boulots d'utilité publique. L'accent est également mis sur l'encouragement des immigrés à pratiquer librement leurs croyances religieuses et à développer des activités culturelles propres à chaque population. Dans certains quartiers d'Amsterdam, des sortes d'ateliers sont installés laissant la libre initiative aux immigrés de travailler afin de ne pas sombrer dans la délinquance et le crime. Dans le district the Nieuw West, des entrepreneurs immigrés confectionnent un certain nombre d'outils, font dans la récupération de matériels qu'ils réparent et qu'ils expédient vers leurs pays d'origine. Mais c'est au sein du Calvijn Met Junior College qu'on découvre la cohabitation parfaite des cultures. Dans ce lycée qui constitue une fierté pour les Hollandais, au-delà de l'enseignement prodigué, les élèves sont préparés à la vie active. La visite guidée du lycée a été faite par des collégiens eux-mêmes, parmi eux des enfants d'immigrés nés en Hollande qui font partie de la troisième génération. Tous ont été unanimes à se prononcer sur les relations parfaites entre les élèves ainsi que sur le comportement des enseignants. Le débat, lors duquel les lycéens ont eu droit à la parole, a tourné autour de cette question liée à l'intégration. L'école étant la première institution publique où commence cette intégration, le gouvernement hollandais compte pouvoir absorber toutes les formes d'extrémisme qui peuvent apparaître au sein des minorités musulmanes installées dans le pays. Il faut dire que depuis 2004, la situation s'est sérieusement dégradée et le dialogue des cultures avait atteint ses limites. Entre les problèmes causés par la jeunesse marocaine, la pauvreté et le taux de chômage qui augmentent au sein de la communauté immigrée, l'échec scolaire et l'hésitation, voire le refus des immigrés à participer à la vie publique préférant presque une autoexclusion ont aggravé le sentiment anti-immigration d'une partie de la population néerlandaise. Dans une étude réalisée par le Centre de l'immigration et des études sur les ethnies, des statistiques révèlent le regard négatif porté par les Hollandais sur les immigrés. Ainsi, il est fait état de 74% de points négatifs à l'égard des Marocains et de 35% de points contre les Turcs. Mais le gouvernement hollandais maintient, selon Jeroen Slot, du département recherche et statistiques à l'université d'Amsterdam, sa politique visant à accepter toute création d'organisation islamique. “C'est la seule manière d'impliquer la communauté immigrée dans les affaires de la cité, car, sans cela, on ne pourra rien contrôler”, a-t-il affirmé lors d'une conférence tenue mardi au siège de son département. Et à la question de savoir si l'intégration était mieux gérée à travers seulement les écoles publiques où tous les élèves suivent le même enseignement, Jeroen Slot répond que bien au contraire, l'intéressement des communautés immigrées se fait à travers la création d'écoles où elles peuvent apprendre leur langue d'origine et leurs croyances religieuses.