Le Maroc a accusé, vendredi, l'Algérie de manipuler la militante sahraouie, Aminatou Haïder, qui est à son 27e jour de grève de la faim dans les îles Canaries dans le but de bloquer le processus de négociations entre le royaume et le Front Polisario. “Le Maroc regrette que le second tour informel des négociations ait été reporté (...) à cause de certaines manœuvres de l'Algérie et du Polisario (qui) refusent d'aller vers cette solution politique et préfèrent le statu quo”, a déclaré vendredi le ministre marocain des Affaires étrangères Taïeb Fassi-Fihri, après son entretien avec le SG de l'ONU, Ban Ki-moon. Comme il accuse la “Gandhi sahraouie” d'être un agent de l'Algérie. Raison pour laquelle, le diplomate marocain considère que la grève de la faim de la militante n'est pas un cas humanitaire, mais une décision politique pour éviter les négociations. Quatre rounds aux Etats-Unis et un round informel à Vienne n'ont abouti à rien à cause des revirements marocains. Paradoxalement, les soutiens habituels du Maroc commencent à montrer des signes d'agacement et d'embarras devant l'évolution de la situation et l'état de santé de Haïder. Responsable collatérale de cette crise, l'Espagne, directement mise en cause par Aminatou Haïder, et le représentant du Polisario à Madrid, M'hamed Khedad, se démène pour trouver une solution et ne veut pas se retrouver avec “un cadavre” sur les bras et dont les conséquences seront encore plus lourdes que le “cadeau” offert au Maroc en 1975. Même inquiétude exprimée par Hillary Clinton et l'Union européenne. En France, le parti des Verts a ouvertement accusé le Maroc d'être responsable de cette situation. Le cercle des hostiles à la politique de répression qu'exercent les Marocains dans les territoires occupés et le harcèlement des militants sahraouis s'élargit davantage. Devant autant de pressions, le Maroc joue la carte du mensonge et manœuvre pour desserrer l'étau diplomatique et casser l'élan de sympathie qui s'est créé autour de la militante. À défaut de se conformer aux résolutions onusiennes, de tenir ses engagements, notamment les accords de principe qu'il a donnés lors des négociations de Manhasset (USA), le Maroc tente encore de détourner les regards en focalisant sur l'Algérie présentée, encore une fois, comme la source de tous les maux. Elle soutient le Front Polisario, manipule ses militants et les pousse à la grève de la faim pour déstabiliser le Maroc. On ne retrouve aucune trace de la torture, des arrestations arbitraires des Sahraouis, de l'emprisonnement qui sont à l'origine des actions des Sahraouis. Autre objectif : neutraliser la contestation interne induite par la situation sociale de la population en constante dégradation. N'a-t-on pas d'ailleurs entendu des responsables marocains accuser l'Algérie de vouloir affamer le peuple marocain ! Mais cela va durer jusqu'à quand ? Car, viendra le jour où le Maroc, qui a jusque-là réussi à gagner du temps, sera contraint de se soumettre à la légalité internationale et d'accepter le référendum sur l'autodétermination du Sahara occidental. Ce sera encore la faute de l'Algérie.