Le gouvernement acceptera-t-il cette nouvelle proposition ? L'augmentation des prix du gasoil semble être l'inévitable option des pouvoirs publics pour faire face aux difficultés qu'impose la production de ce carburant. Même si la décision n'est pas encore entérinée par le gouvernement, il n'en demeure pas moins que celui-ci sera destinataire bientôt d'un dossier bien ficelé. La proposition émane de l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH). Cette structure propose une hausse des tarifs de 10%/an pendant les dix prochaines années. Ainsi, il y a de fortes chances que dans un avenir proche, le consommateur fasse son plein de gasoil avec un tarif de l'ordre de 15 DA/litre contre 12,70 DA actuellement. L'augmentation touchera également, faut-il le souligner, les autres carburants tels que l'essence. De toute une panoplie de solutions suggérées, l'ARH tient compte de certains paramètres ayant trait entre autres aux capacités de raffinage des unités de sorte à ce que ces dernières fassent des bénéfices et demeurent rentables. Pour concrétiser son projet, l'ARH se réfère aux dispositions de la loi 05-07 du 28 avril 2005, modifiée et complétée, relative aux hydrocarbures. Conformément à l'article 9 de ce texte, elle propose une augmentation du prix du brut, entrée raffinerie. “Cet article stipule que le prix du brut destiné au marché national devrait atteindre en 10 ans, la moyenne des cours à l'exportation du pétrole brut, telle que réalisée par l'Algérie”, a indiqué hier, M. Nourredine Cherouati, président de l'ARH sur les ondes de la radio Chaîne III. Plus explicite, M. Cherouati a précisé que “si d'ici à 2019, le prix est à 80 dollars le baril, on devra livrer ce baril du brut à 80 dollars sur le marché national”. Ce qui portera le tarif du litre du brut, entrée raffinerie, à 36 DA. Et en ajoutant les coûts de raffinage, le litre du gasoil sera estimé à 45 DA d'ici à une dizaine d'années. À noter que les tarifs n'ont pas été révisés depuis l'année 2005. Le souci de l'ARH, selon lui, est l'économie d'énergie et donc celle du gasoil, très demandé, dans notre pays. “Nous souhaiterions que la croissance de la consommation du gasoil baisse. Ces dix dernières années la consommation de ce carburant s'est accrue de 9,2%”, a-t-il souligné. L'autre contrainte est répondre à une demande nationale qui ne cesse d'accroître. L'Algérie vend 7,5 millions de tonnes de gasoil/an avec une capacité de raffinage de 21 millions de tonnes. Cela est dû au parc automobile national, frappé par une vétusté criante. Les capacités de raffinage pour produire du gasoil restent par conséquent, insuffisantes. Ainsi, au moindre arrêt pour maintenance technique d'une raffinerie ou ralentissement de la production, l'Algérie recourt à l'importation du gasoil pour satisfaire les besoins des automobilistes. Rien que pour l'année 2009, il a été importé quelque 500 000 tonnes de gasoil pour l'équivalent de 300 millions de dollars. La création de nouvelles raffineries et la rénovation des anciennes, cela peut, certes, augmenter les quantités de production du gasoil. Cependant, le fait de renforcer toutes ces capacités, relèvera Nourredine Cherouati, ne doit pas constituer une raison pour consommer tout le gasoil produit. “Il faut que tout le monde garde dans son esprit que chaque tonne de gasoil consommée ou importée est au détriment des recettes issues des exportations, des recettes fiscales de l'Etat. Il existe une part raisonnable de consommation qu'il ne faut pas dépasser”, a-t-il averti. Le président de l'ARH a évoqué un autre motif lié, celui-ci au rattrapage de l'inflation et afin de faire face aux besoins d'investissement du groupe Sonatrach qui mène actuellement un programme de rénovation des raffineries, à l'image de celles de Skikda et d'Arzew, dont les coûts de production seront plus élevés avec la mise en service des nouvelles installations.