Le prix du gasoil augmentera de 10% pour passer à 15 dinars le litre à la pompe, a annoncé hier sur les ondes de la chaîne III Nouredine Cherouati, président de l'autorité de régulation des hydrocarbures. Le dossier de cette révision à la hausse du prix du gasoil est ficelé et sera présenté incessamment au gouvernement. Nous allons également proposer un réajustement des prix de l'essence», révèle le président de l'autorité de régulation des hydrocarbures. Ce recours à une révision à la hausse des prix était nécessaire, selon ce responsable, pour contenir l'explosion de la facture de l'importation du gasoil qui a atteint en 2009 les 300 millions de dollars. L'Algérie a importé cette année plus de 500.000 tonnes de carburants pour couvrir ses besoins en matière de consommation des carburants routiers classiques (essences et gasoil). La consommation locale de carburant est estimée à plus de 10 millions de tonnes. Nouredine Cherouati avertit que la croissance de la consommation de carburants en Algérie est très élevée et avoisine désormais les 10% ces dix dernières années. Le gasoil constitue 75% de la demande totale en carburants routiers. Un rythme de croissance record et «insoutenable» qui a conduit à l'absorption de toute la production nationale de produits raffinés. «Il y a une part raisonnable de la consommation que nous ne devons pas dépasser», lance-t-il. Et d'ajouter : «Nous devons revoir à la hausse les prix du gasoil ne serait ce que pour rattraper l'inflation. Nous voulons faire un rattrapage dans les prix du gasoil pour favoriser d'autres carburants et surtout le GPL». Questionné sur l'existence de propositions pour la révision des prix des autres carburants, il rétorque : «Oui. Nous espérons que les prix des autres carburants vont augmenter. Nous devrions avoir une hausse moyenne de 10% sur les prix des autres carburants». Une démarche visant, selon Nouredine Cherouati, à mettre la pression sur les citoyens pour les contraindre à surveiller leur consommation de carburant. Interrogé sur une possible baisse des prix à la pompe de certains carburants tels que le GPL, l'essence ou le gaz naturel comprimé pour réorienter la consommation locale comme annoncé au début de l'année par le ministère de tutelle, Nouredine Cherouati est catégorique : «Il n'y aura pas de baisse des prix de carburants». Ces déclarations du premier responsable de l'autorité de régulation des hydrocarbures interviennent quelques semaines seulement après celles du ministre de l'Energie et des Mines. Chakib Khelil avait en effet estimé récemment que la hausse des prix du gasoil en Algérie était «nécessaire» pour encourager les automobilistes à adopter d'autres carburants. Le ministre avait rappelé la consommation de gasoil en Algérie a augmenté sensiblement ces dernières années pour passée de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes en 2006, soit le double en quelques années. L'augmentation de la consommation est estimée à 10% par année en moyenne. La croissance de la demande nationale sur cette courte période représente un volume additionnel de 2,5 millions de tonnes qui serait valorisé à 1,5 milliard de dollars. La demande est de plus en plus importante et les capacités des raffineries, évaluées à environ 22 millions de tonnes/an, sont devenues insuffisantes. D'où la décision du ministère de l'Énergie et des Mines de réhabiliter ces unités, d'augmenter leur production et de construire une nouvelle usine à Tiaret à même de produire 15 millions de tonnes/an. Avec l'ouverture de cette raffinerie en 2014 pour laquelle l'État dépensera plusieurs milliards de dollars, l'offre pourra ainsi combler le déficit. En attendant, le gouvernement veut mettre un frein à la tendance vers la diésélisation du parc automobile national qui est passée de 27% en 2000 à près de 40% en 2008. Les automobilistes optent pour le gasoil, car cela leur revient moins cher que l'essence. Si la tendance se poursuit, les capacités de raffinage —-même après l'entrée en service de la grande raffinerie de Tiaret- ne pourront satisfaire la demande nationale. L'Algérie sera ainsi contrainte d'importer le gasoil trop cher en devises pour le vendre aux consommateurs à un prix subventionné.