Pour faire payer au président soudanais le fait d'avoir facilité la présence en masse des supporters algériens à Khartoum, lors du match d'appui des éliminatoires du Mondial 2010 de football Egypte-Algérie, le raïs égyptien a, en concertation avec Paris, décidé de tenir le sommet France-Afrique à Paris, afin de l'empêcher d'y participer. Le sommet Afrique-France, initialement programmé en Egypte, se déroulera en fin de compte en France. Cette délocalisation a été décidée par le président égyptien Hosni Moubarak en concertation avec Nicolas Sarkozy dans le seul but d'éviter la présence du président soudanais Omar Al-Béchir à cette rencontre. Ainsi, au lieu de le soutenir, comme c'est le cas de tous les chefs d'Etat arabes et africains, voire du tiers-monde, le raïs égyptien l'isole encore plus sur la scène internationale. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que l'agissement de Hosni Moubarak n'est qu'une manière de faire payer au président El-Bachir le fait que le Soudan ne se soit pas aligné sur les positions égyptiennes lors du déroulement du match d'appui de football ayant opposé l'Egypte à l'Algérie à Khartoum, dans le cadre des éliminatoires jumelées de la Coupe d'Afrique des nations et du Mondial 2010. Pour rappel, dans un souci d'équité, les autorités soudanaises avaient pris la décision de supprimer le visa d'entrée sur leur territoire pour les supporters algériens désirant assister à la rencontre, la mesure n'existant pas pour les Egyptiens. Ajoutez à cela la position de neutralité affichée par Khartoum à cette occasion, alors que le régime Moubarak s'attendait à un parti pris en sa faveur, et vous aboutirez à la conclusion que l'Egypte tient toujours rancune au Soudan. Il suffit de se rappeler les attaques des médias égyptiens contre le Soudan, au lendemain du match, pour s'en convaincre. Cela étant, c'est officiel, le sommet France-Afrique, qui devait se dérouler à Charm El-Cheikh en mai prochain, a été transféré à Paris dans le seul objectif d'empêcher Omar Al-Béchir, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, d'y assister. C'est le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, qui a confirmé l'information annoncée par le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit, au journal Asharq El-Awsat paru hier. La décision a été prise, lundi, entre le président français Nicolas Sarkozy et son homologue égyptien Hosni Moubarak, lors d'une visite de ce dernier à Paris. En réponse à la question de savoir s'il s'agit “d'éviter d'avoir à inviter le président El-Bachir”, le ministre égyptien des Affaires étrangères à répondu en toute clarté : “Exactement.” S'appuyant sur la position de Paris, qui est l'un des plus fermes soutiens de la Cour pénale internationale sur la scène internationale, et ne pouvant de ce fait accepter la présence du chef de l'Etat soudanais à cette traditionnelle grand-messe des relations franco-africaines, Le Caire a opté pour cette solution lui permettant de faire d'une pierre deux coups. En effet, l'Egypte évite d'avoir des problèmes avec la France et se venge par la même occasion d'El-Bachir.