Les rodomontades marocaines du genre, des manœuvres de l'Algérie et du Polisario qui refusent d'aller vers la solution politique et préfèrent le statu quo, ou la plus récente, l'affaire Aminatou Haïder était un complot systématique, méthodique, ourdi par l'Algérie (!), ne fonctionnent plus. Rabat est dos au mur. L'ONU, par la voix de son SG, a frappé sur la table comme elle ne l'a jamais fait auparavant. Et si Ban Ki-moon s'est permis cette sortie, c'est qu'il a eu le feu vert du Conseil de sécurité, notamment des Etats et même de la France, lesquels avaient toujours veillé à ce que les autorités marocaines ne soient pas trop égratignées, quitte à abuser de la langue de bois diplomatique. Cette fois, l'avertissement est on ne peut plus clair. L'ONU rejette les atermoiements et faux-fuyants de Rabat, elle veut ni plus ni moins avancer sur le Sahara occidental. Le prétexte est la grève de la faim que poursuit la “Gandhi sahraouie”, Aminatou Haïder en Espagne pour regagner sa patrie, tant mieux dès lors que pour Ban Ki-moon, il faut préparer sans plus tarder de nouvelles discussions sur cette colonie espagnole, le dernier dossier de la décolonisation. Le SG des Nations unies est descendu dans l'arène la semaine dernière, s'entretenant par téléphone avec la puissance coloniale du Sahara occidental, aux yeux de la communauté internationale, représentée par le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, avant de recevoir à New York, son collègue marocain, Taieb Fassi Fihri, représentant du nouvel occupant. Le Maroc, qui a commis le hold-up territorial en novembre 1975, s'est ainsi vu signifier une fin de non-recevoir pour sa solution. L'ONU va faire davantage sur le volet de la négociation politique, a annoncé Ban-Ki-moon qui a ajouté qu'il s'entretiendrait avec l'émissaire de l'ONU sur le Sahara occidental, l'ancien diplomate américain Christopher Ross, des moyens d'accélérer ce processus politique. Le dernier cycle de discussions entre le Maroc, qui propose l'autonomie, et le Polisario, qui réclame un référendum d'autodétermination, n'a permis aucune avancée depuis 2007, les autorités de Rabat marquant le pas, se jouant de l'ONU, certainement fort de l'appui ouvert de Paris et de la duplicité de Washington. “La cinquième session doit commencer le plus tôt possible”, a martelé Ban-Ki-moon. Une vraie mise en garde. Les rodomontades marocaines du genre, des manœuvres de l'Algérie et du Polisario qui refusent d'aller vers la solution politique et préfèrent le statu quo, ou la plus récente, l'affaire Aminatou Haïder était un complot systématique, méthodique, ourdi par l'Algérie (!), ne fonctionnent plus. Il reste que quatre sessions de négociations directes sous l'égide de l'ONU à Manhasset, près de New York, n'ont pas permis de rapprocher les positions de l'occupant, en l'occurrence le Maroc, et les Sahraouis. Une tentative informelle de débloquer ces pourparlers, en août dernier à Vienne, a échoué. Dans une lettre adressée à Ban Ki-moon, le chef du Polisario, président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, a affirmé que son mouvement était prêt à poursuivre les négociations sous l'égide de l'ONU si des conditions favorables à leur succès sont réunies. Des conditions loin de la logique d'escalade, de répression sauvage, des arrestations, des procès arbitraires, imposés par le gouvernement marocain aux citoyens et aux militants sahraouis, a-t-il explicité. Aminatou Haïder est en grève de la faim depuis le 16 novembre à Lanzarote (Espagne), pour pouvoir retourner chez elle à Laâyoune, au Sahara occidental. Mme Haïder, expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines, a affirmé sa volonté d'aller jusqu'au bout, en dépit des pressions de Madrid pour la faire cesser et de l'inflexibilité du Maroc.