Le ministre marocain de la Communication, M.Khalid Naciri, a déclaré que le Maroc et l'Espagne étaient victimes de l'Algérie. Le retentissement international de la conférence de soutien au peuple sahraoui, tenue avant-hier à Alger, met le Maroc dans tous ses états. Hier, Rabat a conféré à Alger le rôle de marionnettiste dans l'affaire d'Aminatou Haïdar. C'est «un complot systématique, méthodique, ourdi par l'Algérie», a déclaré le ministre marocain de la Communication, Khalid Naciri, dans un entretien accordé à l'Agence France Presse. Pour M.Naciri, la grève de la faim qu'observe la pasionaria sahraouie depuis 29 jours est «une instrumentalisation odieuse». Le ministre marocain a prétendu que cette instrumentalisation profiterait à l'Algérie. Apparemment floué par la tournure des événements, le ministre marocain a indiqué que «l'Algérie est en position de faiblesse par rapport au plan d'autonomie mis en oeuvre par le Maroc pour le Sahara occidental et qui est bien accueilli par la communauté internationale». Pourtant, pas moins de 360 élus locaux venus de 31 pays ont mentionné dans la «déclaration d'Alger», que «la solution d'autonomie proposée par le Maroc n'est en aucun point conforme aux résolutions de l'ONU». En effet, l'Organisation des Nations unies préconise la tenue d'un référendum d'autodétermination pour le peuple du Sahara occidental. Prisonnière de son vieux rêve du Grand Maroc, la monarchie chérifienne continue à dénier aux Sahraouis le droit de disposer d'eux-mêmes. Pour rappel, le Maroc avait accepté, en 1988, l'organisation d'un référendum sous le contrôle de l'ONU. Faisant mine d'oublier ses velléités expansionnistes, le Maroc accuse l'Algérie de vouloir déstabiliser la région du Maghreb. Evoquant la fermeture des frontières algéro-marocaines, M.Naciri a annoncé: «L'Algérie s'en tient au discours éculé de la guerre froide. Le mur de Berlin est tombé en Europe et un autre est érigé par l'Algérie.» Là aussi, le ministre marocain semble confondre les faits historiques. En août 1994, des émigrés franco-algériens et franco-marocains ont assassiné deux touristes marocains à Marrakech. Accusant les services algériens, les autorités marocaines ont lancé une véritable chasse à tout ce qui est algérien. Cette chasse s'est soldée par l'expulsion de plusieurs ressortissants algériens du territoire marocain. Dans la foulée, le Makhzen a exigé un visa pour tout Algérien désirant se rendre au Maroc. En conséquence, l'Algérie a expulsé, à son tour des ressortissants marocains, exigé des visas aux visiteurs de l'Algérie en provenance du Maroc et procédé à la fermeture des frontières. En faisant le parallèle entre cette mesure et le mur de Berlin, M.Naciri occulte celui érigé par les autorités de son pays sur le territoire sahraoui occupé. Affolé par la dernière sortie médiatique de M.Manuel Chavez, ministre espagnol des Affaires politiques territoriales, le ministre marocain a lancé: «Le Maroc et l'Espagne sont victimes d'un plan machiavélique et nous sommes attristés, désolés, de constater que l'on essaie de manipuler l'opinion publique internationale avec cette affaire.» Pour sa part, M.Chavez avait affirmé que l'Espagne allait faire pression sur le Maroc pour autoriser Aminatou Haïdar à retourner dans les territoires occupés. Sous pression internationale grandissante et agissante, le Maroc semble avoir perdu la boussole.