Le ministère de la Santé avait annoncé que l'Algérie n'était qu'au début du pic ascendant de la pandémie de la grippe A. Une semaine plus tard, le pays retient son souffle. En attendant la campagne de vaccination, les 35 millions d'Algériens vivent dans l'expectative. Alors que certains s'inquiètent du retard dans la vaccination, d'autres s'interrogent sur l'efficacité du vaccin, lui-même. Faut-il se faire vacciner ? Y a-t-il danger ? Quels sont ses effets secondaires ? 450 000 doses sont actuellement en stock et des échantillons sont en cours de contrôle au niveau de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA). 900 000 doses seront livrées, selon le ministère de la Santé, d'ici la fin du mois de décembre. Reste maintenant à établir un calendrier de vaccination qui sera validé par le gouvernement. Au sujet du vaccin contre le virus H1N1, les avis diffèrent. La vaccination est au cœur des discussions, elle est sujette, même, à moult explications, de la scientifique à la plus farfelue. Pour ce qui est de la majorité des personnes – rencontrées lors de notre tournée – elles restent indécises voire même intriguées par cette question. “Sincèrement, je ne sais plus quoi penser. D'une part, il y a les risques d'être contaminés et d'autre part, les effets secondaires du vaccin contre le virus H1N1. J'ai entendu parler qu'il peut même provoquer des maladies auto-immunes”, nous dira une assistante travaillant dans un secteur sanitaire. Sa collègue nous parlera des cas de doses de vaccin qui ont été retirées du marché canadien. “Il y a un mois de cela, j'ai entendu à la télé que des doses, fabriquées au canada, ont été retirées du marché. J'espère que ce ne sont pas celles-ci qui ont été refilées à l'Algérie. Nous sommes en période de crise économique et les boîtes pharmaceutiques sont prêtes à tout pour sauver leurs comptes”, explique-t-elle. D'autres personnes conditionnent leur vaccination à celle du gouvernement. “Je vais me vacciner si le ministre de la Santé, lui-même, le fait en direct à la télévision”, estime un enseignant d'une école primaire. Quant aux spéculations, elles vont bon train, elles avancent des hypothèses telles que “le vaccin est un cocktail de virus cultivé sur plusieurs animaux, porc, poule voire même chèvre”, fut la réponse d'un chauffeur de taxi. De quoi est incriminé ce vaccin ? Selon des scientifiques, la vaccination contre un virus grippal, relativement bénin, présente des risques, du fait qu'il se développe trop rapidement, et d'un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes. Ils pointent du doigt les risques du syndrome Guillain-Barré (SGB), qui est, selon eux, une sorte de paralysie ascendante qui débute aux membres inférieurs pour monter progressivement. Ils indiquent, par ailleurs, que la grippe A/H1N1 est très contagieuse, mais faiblement agressive, sauf pour les cas sévères où elle est associée à d'autres pathologies. C'est donc à la personne de mesurer le bénéfice et les risque de ce vaccin. S'ajoutent à cela les problèmes d'adjuvant de ce dernier. Un adjuvant est une substance chimique qui est utilisée pour rendre le vaccin plus efficace. La question qui est relevée par ces scientifiques est celle de l'impact que pourrait avoir un nouvel adjuvant sur les maladies auto-immunes qui sont causées par un dérèglement du système immunitaire. Comme si cela ne suffisait pas à semer le doute sur la vaccination, l'affaire des 172 000 doses de vaccin qui ont été retirées du marché au Canada, a rajouté une couche à la polémique. En effet, il y a environ un mois de cela, le fabricant a dû rappeler ses vaccins suite à des nombreuses réactions allergiques qui ont été très sévères. Le labo en question est Glaxo Smith Kline (GSK) qui a été rappelé par l'OMS ayant demandé à ne plus utiliser ce lot. Par ailleurs, beaucoup de médecins, de professeurs en sciences médicales rassurent les personnes et plaident la cause de la vaccination. Selon le professeur Mesbah, directeur de la prévention au niveau du ministère de la Santé, le vaccin comporte autant de risques que n'importe quel autre, notamment celui de la rougeole. “Ce vaccin a été déclaré comme étant une intervention essentielle dans la lutte contre l'épidémie du H1N1. Il n'existe pas de médicaments ou de vaccins réputés actifs qui n'ont pas d'effets secondaires”, explique-t-il. Et d'ajouter que la majorité de ces effets secondaires sont considérés comme des réactions bénignes telles qu'une réaction locale, petite douleur, rougeur... Cependant, le directeur de la prévention reconnaît qu'il y a, également, un deuxième risque qui n'est pas propre à ce vaccin – qui peut être dû à d'autres médicaments notamment la pénicilline – et qui provoque une allergie grave et immédiate. “Ce risque relève de la susceptibilité individuelle au produit administré au sujet”, précise-t-il. Selon lui, le département de Barkat a pris des précautions en instaurant des examens médicaux avant la vaccination. “Le médecin doit s'assurer que le sujet n'a pas eu des antécédents dus à un vaccin grippal encore moins une allergie à l'œuf ou à ses protéines”. Sachant que le vaccin, de l'avis du professeur, est cultivé sur œuf “embryonné”. Concernant les risques du syndrome Guillain-Barré (SGB), il indique que les différentes grippes peuvent être aussi à l'origine de cette maladie. Il s'appuie sur les statistiques mondiales qui déclarent que “pour un million de sujets grippés, il y a 7 cas de SGB, alors que pour un million de vaccinés, il y a un risque de contracter cette maladie. Autrement dit, il y a 7 fois plus de risques d'avoir le SGB après la grippe qu'après la vaccination”. Concernant le danger de l'adjuvant pour les femmes enceintes, selon notre interlocuteur, l'OMS n'a pas encore établi le lien de cause à effet. L'organisation déclare que “les études des vaccins vivants, atténués et inactivés, adjuvés ou non adjuvés, sur l'animal de laboratoire n'ont pas mis en évidence d'effets nocifs directs ou indirects sur la fécondité, la grossesse, le développement de l'embryon, ou du fœtus, la naissance et le développement post-natal”.