Les réticences sur le vaccin contre la grippe porcine se poursuivent plusieurs semaines après le lancement de la campagne de vaccination dans notre pays. A l'instar des femmes enceintes et du personnel médical, les malades chroniques ont eux aussi rechigné à se faire vacciner. Ils ont carrément boudé les établissements hospitaliers et les centres vaccinateurs. Ce sont des structures pratiquement vides que nous avons trouvées hier lors d'une virée à travers Alger. «Il n'est pas question que je me fasse vacciner», rétorque une jeune malade chronique rencontrée à la polyclinique d'El Achour. «Le vaccin ne m'inspire pas confiance», dit-elle. Même son de cloche dans d'autres polycliniques. Les Algériens ont boycotté la campagne de vaccination lancée fin décembre contre le virus, lequel a fait 57 morts sur 916 cas confirmés. Le ministère de la Santé, de la population et de la Réforme hospitalière tente de masquer l'échec de cette campagne très médiatisée. Les derniers chiffres montraient que 3% des populations ciblées ont été vaccinées en Algérie. Le ministère de la Santé continue d'insister sur l'utilité de la vaccination, notamment pour les catégories à risque. Le vaccin est fortement recommandé pour les personnes présentant une pathologie chronique qui sont particulièrement vulnérables. Aussi, «afin de réduire les complications et la mortalité dues à la grippe A(H1N1), ces personnes constituent un groupe classé prioritaire dans le programme de vaccination», estime le ministère de la Santé. Il met en garde contre les risques encourus par les malades chroniques, expliquant que «cette maladie peut entraîner une exacerbation de la maladie chronique pouvant mener à une hospitalisation, voire à une admission en soins intensifs et même entraîner un décès». Il s'agit notamment des cas d'affections cardiaques, pulmonaires et rénales, des maladies métaboliques, le diabète et l'obésité, le cancer et les cas d'anémie. En dépit du «boycott» du vaccin, le ministère de la Santé continue de mener la bataille de la sensibilisation des personnels de la santé sur son utilité en organisant périodiquement des vidéo-conférences animées par des spécialistes et diffusées en simultané dans plusieurs wilayas du pays, l'objectif étant de poursuivre la campagne de vaccination et de se préparer à toute éventuelle reprise de l'épidémie et affronter la prochaine saison grippale 2010-2011. Depuis le 17 janvier dernier, «aucun nouveau cas de grippe porcine n'a été détecté en Algérie». Selon le département de la Santé, «le pic de la pandémie a été enregistré entre le 3 décembre et le 17 janvier, période durant laquelle plus de 520 cas de grippe ont été confirmés, tandis qu'entre les mois de novembre et décembre il y a eu 200 000 cas de grippe n'ayant pas nécessité une hospitalisation». Rappelons que l'Algérie a réduit à 5 millions sa commande initiale de 20 millions de doses du vaccin contre la grippe porcine auprès de la filiale canadienne du groupe pharmaceutique britannique «GlaxoSmithKline» (GSK) suite à la situation internationale marquée par le déclin de l'activité grippale, la non-adhésion à la vaccination de la population y compris le personnel de la Santé et compte tenu de la situation épidémiologique et virologique actuelle. Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que la grippe pandémique H1N1, qui a fait 15 921 morts depuis mars 2009, continue de décliner partout dans le monde. Le comité d'urgence de l'OMS, qui réunit des experts sur la maladie, doit se réunir ce mardi pour déterminer si «le pic» de la pandémie dans le monde est globalement passé, ce qui signifierait que la situation se rapproche de celle d'une grippe saisonnière. A. B.