Le service de prévention et soins aux toxicomanes du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Blida a organisé, mercredi dernier, la troisième rencontre internationale Frantz-Fanon sous le thème “Toxicomanie et adolescence”. Cette manifestation scientifique d'envergure internationale a regroupé des spécialistes venant d'horizons divers et des experts français et belges. Les types de toxicomanie qui affectent les adolescents et les causes qui poussent à la consommation de stupéfiants ont été les principaux thèmes débattus lors de cette journée. Les 25 communications présentées ont permis aux participants de faire une évaluation plus objective de ce phénomène en Algérie. Comme elles ont permis de connaître ce qui se fait à l'étranger en matière de prise en charge et de prévention concernant la toxicomanie. Pour ce qui est du thème “Toxicomanie et adolescence”, le professeur Bachir Ridouh nous dira : “Deux études menées en Algérie en 1990 et 1991 relèvent que la tranche d'âge des 15-19 ans était la plus touchée par la consommation des psychotropes et psychoactives”. Pour le professeur Bachir Ridouh, responsable du centre de prévention et de soins aux toxicomanes, “les jeunes Algériens vivent collectivement comme des exclus de la vie socioéconomique, sans perspectives d'avenir ; il faut les comprendre et savoir les écouter”. Le centre d'écoute de Bab El-Oued, un quartier populaire de la capitale, “approvisionne” régulièrement le centre de Blida. Ce quartier à lui seul renferme un nombre important de jeunes et adolescents pharmaco-dépendants de nombreux produits, y compris les drogues dures. Sur le plan médical, le professeur Ridouh dira : “La toxicomanie est la souffrance psychique terrible du manque, une souffrance supérieure à celle physique, comme en témoignent les automutilations et autres lacérations des sujets en état de manque comme si leur corps était anesthésié et qu'ils sont insensibles à leur douleur.” Pour reprendre le professeur Oliveinstein, grand spécialiste français en toxicomanie : “La toxicomanie, c'est la rencontre d'une personnalité avec un produit dans un contexte socioculturel en faisant varier ces paramètres du plus bas au plus haut, du plus défavorisé au plus favorisé, de la personnalité la plus normale à la plus pathologique, pour le produit, du moins nocif au plus toxique.” Leur cri de détresse est : “Ne nous blâmez pas, ne nous condamnez pas, ne nous insultez pas, en revanche, écoutez-nous et soyez compréhensifs.” Pour ce qui est de la prévention, le professeur Bachir Ridouh reprendra la fameuse citation du professeur Boucebci qui disait : “Alger n'est pas Amsterdam mais Amsterdam a commencé comme Alger.” M. A.