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Les étudiantes prises au piège
Mariage “ORFI” à Sétif
Publié dans Liberté le 17 - 12 - 2009


Parler de mariage orfi (temporaire) est un tabou, car, quelque part, il est illégal par rapport à la charia islamique. Même vis-à-vis de nos us et coutumes, ce n'est pas la bonne affaire. À Sétif, on entend parler de ce mode de mariage dont le principe est le secret, notamment chez les étudiantes qui viennent des wilayas limitrophes. Certaines disent que ce n'est pas péché et ça permet de divorcer facilement, contrairement au mariage avec acte ; mais d'une façon très timide et même si les concernés par ce mariage “caché” ne sont pas connus, il est impératif de sensibiliser les jeunes, notamment les étudiants, quant aux problèmes qui peuvent survenir en cas de séparation des deux partenaires s'ils ont des enfants. Pour savoir plus sur ce mariage, nous nous sommes rapprochés de plusieurs étudiantes de l'université Ferhat-Abbès. Certaines ont affirmé qu'elles ne connaissent aucun cas de mariage orfi. D'autres disent que des étudiantes seraient mariées à des personnes riches de la ville de Sétif ou des wilayas avoisinantes. Le principe est simple : l'époux loue un appartement et y il vient régulièrement, au point que pour continuer à cacher cette union, l'étudiante double, voire triple les années du cursus universitaire pour rester plus longtemps. Certaines d'entre elles trouvent un travail et s'installent définitivement loin des parents et mènent une vie de mariée. Des personnes riches, des hommes d'affaires, des élus nationaux de la wilaya de Sétif, à l'instar de leurs pairs des autres wilayas, auraient eu recours à ce mariage non écrit officiellement. Les femmes, généralement des jeunes filles, acceptent cette pratique clandestine pour tirer profit matériellement et bénéficier d'avantages. Certaines d'entre elles réussissent à améliorer leur statut en officialisant cette union, d'autres mettent fin à cette relation à l'amiable en demandant des indemnités, d'autres encore continuent à vivre en “concubinage”. Cependant, les problèmes surgissent dès que le couple a des enfants, au moment de la naissance, sinon à l'âge de la scolarité. En effet, c'est là qu'apparaissent les méfaits de cette union faite en l'absence du tuteur et sans publication, comme le stipule notre religion. Généralement, le géniteur ne reconnaît pas l'enfant, et c'est là que commencent les problèmes. Fuir la responsabilité de la famille aura des effets néfastes sur les enfants qui vont être rejetés par la société. Il faut noter que ce genre de mariage, en vogue dans les grandes villes, n'est pas récent, car beaucoup de personnes ont caché leur union et leurs familles respectives ne s'en rendent compte qu'après leur décès. La mère a recours à la justice. Mais pour avoir ses droits, elle doit prouver tout cela, grâce à des témoignages par exemple, et c'est là que commence le parcours du combattant. Le mariage, qui n'est célébré ni par un imam ni par un représentant de l'autorité publique, n'est pas en la faveur de la “mariée”. Notons que les directives qui interdisent aux imams de conclure un acte au niveau des mosquées avant l'acte administratif ont limité les dégâts, mais cela a fait apparaître d'autres pratiques incontrôlables, où l'on assiste, dans la plupart du temps, à une lecture de Fatiha dans les maisons et les cafés. “Par ailleurs, il faut noter que le mariage orfi risque de se propager dans les années à venir, car beaucoup de jeunes filles ont bénéficié de logements dans le cadre des formules initiées par l'Etat, à savoir le participatif et la location-vente. Les filles célibataires, notamment dans les grandes villes, auront recours à ce mariage, car si elles travaillent et ont un logement, elles ne demanderont rien à l'homme. Généralement, ce sont des hommes d'âge mûr mariés qui épousent, pour une raison ou pour une autre, une seconde, voire une troisième femme dans le secret”, nous dit un sociologue. “Cela leur permet d'avoir à leur disposition autant de femmes qu'ils le souhaitent ; le plus important, c'est de n'avoir aucune obligation de prise en charge matérielle ou financière”, a conclu notre interlocuteur.

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