La Maison diocésaine d'Alger a célébré la Journée internationale du migrant, en abritant ce vendredi 18 décembre, en fin d'après-midi, une conférence intitulée “La migration : un défi à nous tous et une réalité maghrébine et africaine.” La rencontre a été animée par le père Yan, responsable du “service des églises” protestantes et catholiques, un service chargé d'apporter “un soutien humain, sanitaire, matériel et financier aux personnes en situation d'extrême précarité en Algérie”. La référence est faite aux immigrés clandestins, aux réfugiés sahraouis et plus récemment aux harragas. Les organisateurs ont passé un film documentaire racontant la vie précaire des Subsahariens vivant au Maroc, pour donner une idée générale du travail accompli par les “missionnaires” en direction de ces clandestins qui affrontent le désert (ou la mer) pour “une vie meilleure réelle ou imaginée”. Dans son exposé, le père Yan a axé sur les tournées qu'il a effectuées, depuis juin dernier, allant à la rencontre des harragas (algériens) à Annaba, participant à la session “Justice et paix” des Pères Blancs à Bamako, débattant des “conditions de travail” à Madrid, lors d'une conférence consacrée aux problèmes de migration, avant de rejoindre la rencontre de Gao qui s'est penchée que la question du “développement”. “Les supérieurs des Pères Blancs ont ensuite décidé que je parte à Rome, pour assister à une réunion sur la réponse pastorale au problème d'immigration”, a encore précisé l'intervenant. Emu par les conditions de ces “gens déplumés et déboussolés”, le père Yan a déploré que “dans nos civilisations, l'étranger (devienne) l'objet d'une méfiance”, sinon qu'il se heurte “à une froide indifférence”. Une attitude qui, selon lui, est en contradiction totale avec la foi, alors qu' “en servant les pauvres, nous servons Dieu”. Pour ce Hollandais d'origine, qui vit depuis près de 40 ans en Algérie, il est nécessaire aujourd'hui de “changer la mentalité vis-à-vis des émigrés”, car ils ont droit à une dignité, surtout que “ces étrangers ont incontestablement contribué au développement de leur pays d'accueil”. Tout comme il est important pour l'émigré de savoir qu'il a “des droits mais aussi des devoirs là où il est accueilli”. La rencontre de la Maison diocésaine a également permis à certains Africains, installés en Algérie, de témoigner sur le soutien apporté par le service des églises, notamment par son dirigeant, le père Yan. C'est le cas notamment de ce boxeur congolais, marié et père de trois enfants, tous nés en Algérie, ainsi que cet étudiant tchadien qui prépare actuellement son ingéniorat commercial. Elle a en outre donné l'occasion au responsable du service des églises d'évoquer “l'aide de l'église, le soutien de certaines ambassades et le partenariat avec le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés, de même que l'engagement des équipes médicales algériennes”. Sans oublier “le travail avec la Croix-Rouge, le Croissant-Rouge, le ministère de la Solidarité nationale et les associations étrangères, dont le Secours catholique”. En marge de la conférence, le père Yan a confié que sa structure prend en charge quelque 1 000 personnes, chaque année. Il a reconnu que “le plus difficile, c'est l'accompagnement des malades”, en annonçant le décès de 17 personnes en l'espace de 2 ans et demi. Aujourd'hui, le responsable du service des églises semble particulièrement préoccupé par “l'avenir des enfants des migrants illégaux qui sont nés en Algérie”.