Les parents d'élèves peuvent passer de bonnes vacances. Le dénouement heureux de la grève et les engagements pris les ont rassurés quant au bon déroulement des deux prochains trimestres de l'année scolaire. Leurs enfants n'auront pas à souffrir d'une course marathon pour rattraper le temps perdu lors de la grève. À cet effet, la démarche du ministère a eu pour impact la mise en confiance, dans un premier temps, des partenaires – syndicats et Fédération nationale des associations de parents. Après un tour de table de concertation, les idées et les propositions ont convergé sur une priorité : respecter l'intérêt de l'élève. Il appartenait au ministre de l'Education nationale de choisir le meilleur dispositif possible. À ce niveau, il est utile de clarifier les concepts. Le mot rattrapage sied-il dans ce cas de figure ? Nous ne sommes pas dans une usine où la notion de cadence de travail rime avec le volume de marchandises à produire en un temps T. Cette notion de rattrapage porte en elle une connotation d'accumulation de cours. Elle se décline en une quantité de leçons à décompter. La tentation serait forte chez certains enseignants de se précipiter à récupérer et, ensuite, à retourner aux vieux réflexes d'une fin d'année “charcutée” d'un bon mois. C'est, à juste titre, que le ministère a insisté sur le refus d'un bradage de cette “récupération” et la nécessité impérieuse de s'en tenir à la progression normale du programme tracé en début d'année scolaire. Il est bon de signaler l'interdiction de recourir aux polycopies pour, soi-disant, avancer dans le programme. En observant de plus près le dispositif mis en place, il s'avère que nous sommes en présence d'une double remise à niveau. Et c'est tant mieux, puisque des avantages certains seront engrangés par les élèves à travers les mesures annoncées. D'abord, sur le plan pédagogique, la circulaire ministérielle exige des chefs d'établissement de ne pas récupérer le retard dans la précipitation et la surcharge de travail. L'adoption d'un rythme de “récupération” (des leçons), calqué sur les capacités réelles des élèves (épargner les vacances et les jours de repos), renforce l'idée que l'initiative d'une nouvelle organisation de l'année scolaire était pertinente. Avec une rallonge de 7 à 8 semaines par rapport aux années précédentes —qui tournaient à 27 semaines/an au maximum—, les élèves algériens se hissent au même volume de travail que leurs camarades des autres pays : soit une année scolaire étalée entre 33 et 35 semaines de cours. Les élèves allemands vont à l'école pendant 40 semaines, le minimum est enregistré chez les élèves maghrébins avec 35 semaines. Pour le volume horaire hebdomadaire, un regard comparatif sur la tranche d'âge la plus sensible permet de situer la place de l'Algérie. Nos élèves du primaire engrangent entre 24 et 25 h 30 de cours, alors qu'en Europe, la moyenne varie entre 21 et 27 heures pour certains pays. Il est vrai que les conditions de vie ne sont pas les mêmes. En réalité, l'Algérie était loin du compte universel. Ajoutez à cette maigre année scolaire de 27 semaines, le phénomène inquiétant que connaît la société algérienne depuis une vingtaine d'années. N'assiste-t-on pas, bien avant la mi-mai, dès la fin des compositions du troisième trimestre (jamais corrigées en classe), à une désertion des établissements par les élèves, ceux de terminale en particulier ? Une désertion orchestrée à dessein et ce, pour des raisons louches qui n'ont rien à voir avec l'éducation et/ou la morale professionnelle. Il est utile de souligner que cette nouvelle organisation de l'année scolaire (depuis septembre 2009) est dictée par le souci de garantir le maximum de temps pour assimiler des programmes d'enseignement (à ne pas confondre avec les manuels) dont l'élaboration doit répondre à des normes internationales. En allouant un volume de travail égal à celui en vigueur au niveau international, l'Algérie affiche sa volonté de faire en sorte que le baccalauréat algérien (plus particulièrement scientifique et technologique) ne souffrira plus d'une dévalorisation par les instances internationales (Unesco et universités étrangères). Au plan psychologique, les candidats aux différents examens nationaux ont été rassurés par la reconduction de la mesure prise pour la troisième année consécutive: ils n'auront pas de sujets d'examen sur des leçons non dispensées en classe. En principe, la nouvelle année scolaire permet de boucler à l'aise tous les programmes. Mais des retards légers peuvent survenir ici et là pour des raisons diverses. En ouvrant les établissements scolaires après les heures de cours et pendant les premières semaines de vacances d'hiver et de printemps, la tutelle offre aux élèves-candidats des cours de soutien gratuits (les enseignants seront rétribués) et des études encadrées. Une belle opportunité que les parents doivent saisir au vol pour se mobiliser et traduire cette mesure en actes concrets. À eux de convaincre leurs enfants d'être assidus et d'assister l'administration scolaire pour que cette opération réussisse. Les parents ne doivent pas céder à la solution de facilité du recours à la poche pour acheter des cours chez le professeur de son enfant. Il est temps de dénoncer, et de mettre fin, surtout, à cette pratique honteuse qui porte atteinte à la sacralité de la relation maître-élève et brouille l'image de l'éducateur aux yeux de nos enfants. De leur côté, les élèves de terminale sont choyés par la mesure qui consiste à placer les compositions du premier trimestre pendant les quatre premiers jours de vacances d'hiver. En effet, qu'est-ce une composition pour un candidat à un examen aussi important si ce n'est la meilleure révision et la meilleure préparation qui soit ? Faudrait-il que les corrections de ces compositions aient lieu dans la rigueur et le sérieux. En prenant ce temps à leurs habituelles séances de cours payants (pour certains) ou de révision individuelle à la maison, les élèves gagnent énormément au change. Ils ne doivent pas se sentir pénalisés. Bien au contraire, cette décision aura des retombées positives. Ainsi, les leçons du programme et les séances de révision/préparation, après la correction collective en classe du bac blanc (moment à ne pas rater), seront assurées le plus normalement du monde. Le temps n'est plus compté comme pendant les années précédentes. Rien ne sert de s'angoisser outre mesure ou de se préoccuper d'une année scolaire trop courte. Les calendriers des compositions et les “deadline” (dates limite) des séances de cours ont été conçus à partir de la nouvelle organisation de l'année scolaire. Il serait malhonnête de dire que les semaines supplémentaires ainsi dégagées ne serviront pas à mieux négocier les programmes.