La Foire de la production nationale est un baromètre qui sert à évaluer l'évolution de la production nationale d'une année sur l'autre. De ce fait, elle a toujours constitué un moment et un lieu de débats entre les différents acteurs et partenaires économiques nationaux pour affirmer leur volonté d'accroître et de diversifier leur production. Les pouvoirs publics, pour leur part, ne sont pas en reste de ce discours lénifiant. Pourtant, notre économie demeure tributaire des hydrocarbures et le statut d'un pays monoexportateur semble avoir encore de belles années devant lui. Le commun des Algériens sait que la part de nos exportations hors hydrocarbures représente à peine 2% de nos recettes extérieures (un milliard et demi de dollars US environ). Tout le monde sait aussi que nos importations représentent en moyenne entre 10 et 27 milliards d'euros/an malgré la réduction des recettes extérieures conséquemment à la crise financière internationale et ses effets induits sur l'économie mondiale réelle, ainsi que sur la baisse du prix du baril de pétrole. Ce tableau, peu reluisant de la performance de l'outil de production nationale et sa faible capacité à générer des richesses, interpelle la classe politique qui intègre de façon presque mécanique, la réduction de notre dépendance vis-à-vis du pétrole comme un leitmotiv dans ses programmes politiques et électoraux. Il faut dire qu'après l'ouverture du marché national aux produits et services étrangers, suite à la libéralisation de l'économie, la recherche du gain facile aidée en cela par le déficit quantitatif et qualitatif des produits nationaux, ont vite fait de transformer notre pays en un immense “dépotoir”. Par ailleurs, le laxisme de l'Etat, le manque d'encadrement législatif et réglementaire du marché, la pression des lobbys de l'import-import, ont accentué la tendance du “laisser-faire”. Cette situation a été rendue plus complexe par l'accord d'association avec l'Union européenne et les longues négociations menées en vue de notre adhésion à l'OMC. L'année 2009 serait-elle le point de départ d'un sursaut économique national ? Plusieurs éléments semblent le laisser croire. D'abord, le déclic est venu du vacillement du système financier international et ses répercussions immédiates sur la croissance de l'économie mondiale. Les Etats libéraux ont vite réagi à ce nouveau contexte économique par un retour au protectionnisme de leurs espaces économiques nationaux en se départissant de leur orthodoxie ultralibérale du moins conjoncturellement. Les pouvoirs publics algériens, prenant la mesure des risques liés à une absence de régulation du marché dans une économie mondiale en crise, ont pris un certain nombre de mesures de réorientation stratégique de la politique économique nationale. La première mesure a été la loi de finances complémentaire au titre de l'année 2009 qui introduit des élément de régulation et d'encadrement des échanges extérieurs en limitant les importations des biens et marchandises qui ne contribuent pas directement ou indirectement à la relance de l'appareil de production nationale. Cette loi, mal comprise par nos partenaires étrangers par mauvaise foi ou par insuffisance de communication, a soulevé un tollé général, y compris chez certaines entreprises privées nationales. En vérité, ce texte de loi a dérangé beaucoup d'intérêts même si certaines observations peuvent êtres justifiées (suppression du crédit automobile). En revanche, les partenaires étrangers ont eu du mal à accepter que l'Algérie se réapproprie des prérogatives qui relèvent de sa souveraineté nationale. La deuxième mesure a consisté en la création d'un fonds d'Etat le 1er mars 2009 à partir de la restructuration de la Banque algérienne de développement (BAD). Ce fonds, doté d'un capital de 1,7 milliard d'euros, est destiné, selon M. K. Djoudi, ministre des Finances à “accroître la production nationale et à assurer la diversification de la production et des revenus hors hydrocarbures et participer à la création d'emplois”. Pour sa part, M. H.Temmar, ministre de la Promotion des investissements, a déclaré, lors de l'inauguration de la dernière édition de la Foire de la production nationale le 18 mars 2009, que “l'action de l'Etat va vers la promotion de la production nationale, il y a trop d'importations”. Cette nouvelle approche qui se dessine semble s'appuyer sur un mixage des secteurs public et privé nationaux en encourageant à travers des mécanismes incitatifs, des pôles industriels qui tirent l'économie nationale vers le haut. Autour de ces grands pôles, le tissu industriel des PME et PMI devra bénéficier de la même attention de la part des pouvoirs publics.