La banque Al-Baraka change de look et se met à l'air du temps. La banque, présente en Algérie depuis 1990, a décidé également d'augmenter son capital, pour se mettre à jour avec la réglementation algérienne en vigueur. Mardi soir à l'hôtel Sheraton, le conseil d'administration de la banque s'est réuni pour décider d'augmenter le capital de la banque et le porter à dix milliards de dinars, avec des fonds propres estimés à 16 milliards de dinars. L'occasion était surtout pour lancer officiellement le nouveau logo, ou plutôt, la nouvelle identité visuelle de la banque qui sera, désormais unifiée pour les filiales de la banque dans les 12 pays où elle exerce. Selon le directeur de marketing et de communication de la banque, Saïd Karim, le groupe dont le siège central se trouve à Bahreïn, a engagé depuis plus d'une année et demie une étude pour le changement et l'unification du logo de la banque. “Au-delà du slogan, c'est une philosophie, une vision, qui se base sur le partenariat. Ce n'est pas seulement de simples opérations bancaires qui nous lient à nos clients et à nos actionnaires, c'est un partenariat gagnant-gagnant, avec tout ce que cela comporte comme partage de bénéfices et de risques”. Pour Haïdar Nacer, directeur central à Al-Baraka, la nouvelle identité visuelle de la banque vise à unifier l'enseigne du groupe dans tous les pays où il opère afin qu'elle soit reconnaissable partout. Le but étant de donner “une image d'efficience, d'universalisme. Ce n'est pas une banque confessionnelle ou communautaire. Toutefois, il s'agit de respecter l'éthique et les règles de la banking islamique, à savoir pas d'opérations usuruelles, pas de spéculation oisive, mais tout de même une banque ouverte au monde”. Revenant sur l'expérience d'Al-Baraka en Algérie, M. Haïdar la juge “très concluante” avant de préciser “lorsque le Cheikh Salah Kamal a décidé de s'installer en Algérie, il a fait un pari sur l'avenir. En parfait connaisseur du marché et des réalités algériennes, il est venu au moment où les investisseurs étrangers ne se bousculaient pas au portillon. L'histoire lui a donné raison. Certes, il n'est pas aisé d'installer une banque islamique dans un environnement conventionnel. À ce moment-là, le banking islamique ne s'enseignait même pas dans les universités. Mais le paysage bancaire algérien s'est habitué à la présence d'Al-Baraka, même s'il est vrai qu'il est difficile de travailler dans un environnement où il n'existe pas de dispositif réglementaire concernant le banking islamique”. Mais les responsables d'Al-Baraka ne désespèrent pas de voir l'Algérie prendre en charge ce vide réglementaire dans un proche avenir, d'autant plus que l'expérience d'Al-Baraka commence à faire des émules. La banque se porte bien, malgré la crise économique, malgré la suppression des crédits aux particuliers. Avec un bénéfice en nette augmentation (39 millions de dollars pour cette année), la banque figure sur le podium des filiales du groupe et a bénéficié de nombreuses distinctions internationales. Ayant débuté en 1990 avec une seule agence employant 40 personnes et un milliard de dinars, elle compte actuellement une vingtaine d'agences, six autres en cours de réalisation et des fonds estimés à 72 milliards de dinars. Al-Baraka s'accapare plus de 15% de parts du marché financier privé en Algérie, avec plus de 200 000 clients et 300 000 comptes à gérer, selon Saïd Karim. La suppression des crédits aux particuliers, notamment le crédit automobile, a, certes, affecté la banque, au même titre que toutes les autres banques, mais de nouveaux produits sont proposés aux clients afin de ne pas trop s'encombrer avec les surliquidités. Le redéploiement s'est effectué sur le crédit au logement, notamment la formule location-vente, mais aussi pour l'autoconstruction. Pour les professionnels, la banque propose la formule de leasing, alors que les microcrédits sont proposés pour les artisans. Le but étant de “bancariser la société”, selon M. Haïdar, qui note que l'Algérie reste à la traîne en la matière, dans la région, avec une agence bancaire pour 26 000 habitants. Il citera l'exemple de l'expérience initiée par Al-Baraka à Ghardaïa, où 50 microentreprises ont été financées et dont deux seulement connaissent quelques problèmes. Cette expérience “Moucharaka” (participation) consiste à partager les risques et les bénéfices. En outre, la banque a pris sur elle d'octroyer des crédits non rémunérés à des activités féminines à domicile. Pour le directeur de marketing et de la communication “le rôle de la banque est de tirer vers le haut la frange qui n'est pas bancable. Une banque n'est pas un casino”, dira-t-il.