Photo : Lylia M. La banque privée Al Baraka qui active en Algérie depuis 1991 va se «recycler dans le financement de l'immobilier, les équipements et la PME», a déclaré hier son PDG lors d'une rencontre sur la finance islamique qui se tient à Dar El Imam. Il a expliqué que sa banque sera présente «dans les différents secteurs que l'Etat a décidé d'encourager», faisant allusion aux diverses mesures de bonification pour le logement ou les entreprises, décidées récemment par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances 2010. Le DG de la Banque islamique Baraka a estimé que son institution «n'a pas été touchée par les mesures introduites dans la loi de finances complémentaire pour 2009» portant interdiction des crédits à la consommation et notamment des véhicules. M. Mohamed Seddik Hafid a, au contraire, estimé que l'Etat «se devait de prendre de telles mesures pour maîtriser le développement important des flux à l'importation». L'encouragement et le soutien bancaire de la PME algérienne vont, dit-il, «nous encourager à substituer les produits d'importation par la production locale». Le groupe Baraka vient de procéder à l'augmentation de son capital à hauteur de 10 milliards de DA, ce qui le porte à 16 milliards et demi de DA, et ce conformément aux instructions de la Banque d'Algérie. Cette augmentation lui donne «beaucoup de moyens pour répondre aux demandes de financement de sa clientèle», ajoute M. Seddik. La rencontre de Baraka qui a réuni divers docteurs spécialistes de droit islamique et plus particulièrement des transactions financières a permis à ces derniers de développer le concept de banque islamique qui aujourd'hui s'impose de plus en plus comme « modèle qui peut survivre aux crises» car, explique le Dr Abou Ghouda du Koweït, «la finance islamique n'est pas fondée sur l'usure, l'intérêt.» Des juristes ont cependant tenu à dénoncer l'environnement juridique qui a «des effets négatifs sur les banques islamiques et ne favorise pas le développement de leur activité», à l'image du Cheikh Kassimi, président du Comité de contrôle de la légalité (islamique) de l'activité des banques. Ce type de rencontres de réflexion organisées régulièrement par les banques islamiques a vu l'intervention de plusieurs éminents experts en finance islamique, du Koweït, de Bahreïn et d'Arabie Saoudite qui ont mis en exergue les spécificités des règles bancaires islamiques qui viennent de faire l'objet de vulgarisation dans les pays européens, secoués par une crise, à cause «de pratiques spéculatives, tels les produits dérivés que la banque islamique réprouve au profit de formules plus pertinentes dans l'intérêt des clients». Le groupe Baraka, actif depuis 30 ans, dispose aujourd'hui d'une dizaine de banques et de 300 succursales, nous expliquent ses responsables. Il est présent dans douze pays, y compris l'Algérie. Ce sont généralement les pays arabes et islamiques mais en plus de ceux du Golfe, du Proche-Orient et du Maghreb, on a enregistré la naissance de banques de ce même type en Turquie également. En outre, le groupe bancaire international dispose de banques d'investissement et de sociétés d'assurance de par le monde. Notons que Al Baraka a décidé de changer de look tout en restant «fermement attachée aux principes de la banque islamique», elle aura un nouveau logo visuel et un slogan également nouveau «Al Baraka, your partner Bank». Ce changement n'a «rien à voir avec les statuts» précise-t-on. Les documents dont est en possession la clientèle seront «progressivement remplacés au terme de leur échéance, à compter du 1er février 2010» conclut la direction d'Al Baraka.