Le principal accusé dans l'affaire du double meurtre de deux élus de l'APC de Bordj El-Bahri a été acquitté alors que le procureur avait requis la peine capitale. Le procureur a basé son réquisitoire sur le témoignage d'un agent de l'ADE (Algérienne des Eaux) originaire de Réghaïa qui se trouvait sur les lieux en ce jour d'octobre 2004 à 12h40 au moment du double meurtre qui a coûté la vie au vice-président de l'APC de Bordj El-Bahri et à un autre élu. Interrogé à plusieurs reprises par le procureur et par le juge s'il reconnaît l'auteur des coups de feu dans la salle, le témoin a été catégorique. “C'est celui là, j'en suis sûr et certain”, en montrant du doigt l'accusé assis en face dans le box des accusés. “Vous êtes certain de vos dires”, dit le juge. “Oui sûr, je ne suis pas de la région de Bordj El-Bahri et je n'ai aucun intérêt dans l'affaire, pourquoi voulez-vous que je mente”, ajoute le témoin, qui a maintenu les mêmes déclarations faites aux enquêteurs. Le témoin a même donné des détails sur la circonstance de la mort du vice-président en précisant que ce dernier a supplié le tireur de l'épargner en criant : “Non y a Amar (le prénom de l'accusé) ne tire pas, pourquoi, pourquoi…”, avant de tomber avec deux balles dans le corps. Son compagnon a été le premier à recevoir six balles, alors qu'il se trouvait dans le véhicule Hyundai de couleur verte à bord duquel ils sont venus sur les lieux pour tenter de régler un litige foncier opposant une des victimes à savoir, le premier élu assassiné et l'accusé. Le procureur a même présenté ce litige comme le mobile du crime lors de son réquisitoire puisqu'il dira que l'accusé s'est débarrassé des deux élus dans un moment de colère après avoir perdu le procès qui l'opposait à l'une de ses victimes. Selon l'arrêt de renvoi, l'accusé aurait mal supporté qu'on lui défalque la moitié du terrain de 2 000 m2 qu'il occupait depuis plusieurs années à haï Zerga de Bordj El-Bahri pour qu'elle soit attribuée à une de ses victimes, membre de l'APC en l'occurrence. Le vice-président de l'APC, qui jouait les bons offices entre les deux personnes, aurait été éliminé lui aussi parce qu'il était témoin de la mort de son compagnon, selon l'arrêt de renvoi. L'accusé affirmera à plusieurs reprises qu'il n'a jamais été sur les lieux au moment du crime, précisant qu'il avait de bonnes relations avec les élus notamment avec le vice-président qu'il appréciait beaucoup, dira-t-il. “Il m'a accompagné plus de trois fois à l'agence foncière pour m'aider à régler mon problème de terrain, pourquoi voulez-vous que je lui veuille du mal”, souligne-t-il. Mais le procès prendra une autre tournure lorsqu'un témoin a affirmé au juge que l'accusé se trouvait avec lui à la mosquée le jour du double meurtre. D'autres témoins se sont présentés à la barre pour appuyer l'accusé, le présentant comme un homme sans histoires, très apprécié par son entourage. L'avocat de l'accusé, Me Lamouri, a axé sa plaidoirie sur l'expertise faite sur les balles et sur les analyses effectuées sur les habits de l'accusé. Il exhibe le document de la Police scientifique qui n'établit pas de relation entre l'origine et les traces de balles trouvées sur le corps des victimes et les habits de l'accusé. Me Lamouri s'interrogera sur la véracité du témoignage de l'agent de l'ADE, alors que celui-ci se trouvait à plusieurs dizaines de mètres du lieu de l'attentat, précisera-t-il et d'ajouter que cette affaire qui a défrayé la chronique est plus complexe et plus profonde. “L'assassin ou les assassins courent toujours”, conclut l'avocat, qui a tout simplement demandé la relaxe pour son client. Et le voile n'est pas pour autant levé sur l'affaire des élus assassinés de Bordj El-Bahri ou ce qui convient d'appeler “la mafia du foncier derrière le double meurtre”. Pour rappel, la semaine dernière et dans une autre affaire liée à ce dossier, le même tribunal avait condamné l'actuel maire de Bordj El-Bahri qui occupait la même fonction lors de l'assassinat des deux élus à trois ans de prison avec sursis alors que l'ex-chef de service de la prévention et de sécurité du Sénat considéré comme le principal accusé dans l'affaire des trafic de lots de terrain a été condamné à 10 ans de prison ferme et son compagnon a écopé de 8 ans fermes.