L'association El-Kortobia de Tlemcen a commémoré, jeudi dernier en son siège, le 45e anniversaire de la disparition du grand maître de la musique andalouse cheikh Larbi Bensari (1863-1964). Cette cérémonie, organisée à l'initiative de cheikh Salah Eddine Boukli, un des derniers grands représentants de cette musique, dont Tlemcen est un des berceaux les plus connus dans le Maghreb, a pu rassembler les grandes figures de l'art musical andalou de la région dont notamment des musiciens et des présidents d'associations. L'école de Tlemcen à laquelle appartenait cheikh Larbi Bensari “a influencé de manière décisive l'évolution culturelle de l'Algérie en jouant un grand rôle dans la promotion du patrimoine musical du pays.” Cheikh Larbi Bensari s'est produit la première fois en 1900 à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris et en 1926 lors de l'inauguration de la mosquée de Paris. Abdellatif M'rah, cinéaste, qui a réalisé récemment un film sur la vie et l'œuvre de cheikh Larbi Bensari, connu aussi pour ses travaux audiovisuels en hommage à cheikha Tétma, cheikh Rédouane et cheikh Ghaffour, dira en substance : “Nous avons tenté de montrer, à travers les différents témoignages d'hommes et de femmes du domaine et donc des spécialistes qui ont accepté d'intervenir dans le film, que ce grand maître était le précurseur d'un genre qui n'était pas prédestiné seulement à quelques cités du Maghreb”. La commémoration de la disparition du grand maître a revêtu le caractère d'un événement plein d'émotions propres aux grandes retrouvailles, rassemblant les figures les plus connues de l'art musical tlemcénien. Dans son allocution, le maître de la musique andalouse Salah Boukli a rappelé le large et étendu savoir qui a hissé cheikh Larbi Bensari au plan international, représentant l'Algérie à la fois au Caire, à Istanbul, Paris, Tunis, Fès, avec de nombreuses distinctions à la clé. Les débats qui ont suivi ont certes continué à mettre l'accent sur le répit forcé qu'a accusé l'élan musical à Tlemcen depuis la fin de l'épopée des festivals de la musique andalouse et surtout l'incompréhension dans la mesure où cette manifestation, qui avait tout d'une grande rencontre musicale nationale pour les fervents de la “sanaa”, a été rayée pour Tlemcen et maintenue par contre à Alger et Constantine. Cette situation, considérée comme une injustice, est douloureusement ressentie par les connaisseurs de l'histoire de l'art qui attribuent à cette ville à travers ses musiciens et surtout ses auteurs compositeurs, tels Abi Djamaa, Abi Ameur et Bouletbag, Bentriqui, Ben M'Saïb et Bendebbah, la paternité d'une bonne partie du répertoire classique et populaire de cette musique du nom du paradis perdu d'Al-Andalous.