L'économie nationale demeure vulnérable aux chocs pétroliers. “L'économie algérienne se heurte à de nombreux défis de développement et de risques émanant d'une série de sources internes et externes. Alors que la forte position extérieure de l'Algérie influe positivement sur le risque de crédit sur le court et moyen termes, le faible engagement du pays aux réformes structurelles, les problèmes politiques et sociaux existants et la dépendance de l'économie des hydrocarbures demeurent des facteurs de risque importants sur le long terme”, c'est ce qui ressort du CAS (stratégie de coopération avec l'Algérie) de la Banque mondiale dont Liberté a pu obtenir une copie. Il y a deux grands risques associés au CAS, notent les rédacteurs du document. Le premier risque, et le plus important aux yeux de la banque mondiale, est que le gouvernement pourrait diminuer davantage son engagement vis-à-vis des réformes pour raison d'opposition politique ou de satisfaction dérivée de perspectives favorables au niveau des prix pétroliers futurs. “Avec l'élection présidentielle prévue pour avril 2004, il y a une incertitude inévitable sur l'exécution soutenue du programme limité de réforme décrit dans le présent CAS. Il existe clairement le risque que le gouvernement ralentisse l'exécution des réformes plus politiquement sensibles. Le gouvernement a déjà retardé la discussion des rapports sur les réformes du secteur public et de l'éducation, les lois sur les hydrocarbures et sur la propriété terrienne en raison d'opposition politique”, lit-on dans le document. La banque mondiale souligne aussi le risque, qu'avec les élections qui se rapprochent, “il y aura plus de tentation à dépenser et mettre en danger la position budgétaire qui a difficilement restauré les équilibres macro-économiques au milieu des années 1990”. Des prix pétroliers et des niveaux de réserves internationales élevés peuvent, par ailleurs, amoindrir l'envie d'améliorer le climat de l'investissement pour attirer l'investissement étranger, maintenant que les réserves internationales augmentent et vont probablement continuer à l'être au cours de la période du CAS. Des réserves internationales élevées et une année d'élection pourraient également diminuer les pressions pour approfondir les réformes des secteurs des entreprises publiques et bancaires. Le deuxième risque, pour la banque mondiale, a trait aux risques financiers pour la Banque. Etant donné qu'il n'est pas prévu que l'Algérie ait besoin d'un important appui financier de la part de la Banque au cours de la période du CAS, le programme de prêts proposé est modeste et ira dans le sens d'un engagement de moins en moins important de la Banque au fur et à mesure de la réduction des obligations d'endettement extérieur de l'Algérie. Les engagements de la Bird étaient de l'ordre de 1,3 milliard de dollars américains alors qu'ils étaient de 2,1 milliards de dollars américains à la fin de 1996. Toutes les directives d'exposition de la Bird sont actuellement satisfaites. Toutefois, la part du service de la dette de créditeur préféré dans le service total de la dette est proche du seuil de 35% des directives. “Bien que les risques financiers pour la Bird soient limités dans le court et le moyen terme, les risques pays (poursuite éventuelle de la violence, tensions sociales, pressions pour assouplir la position budgétaire et moindre engagement vis-à-vis des réformes) et les vulnérabilités de l'économie algérienne aux fluctuations des prix pétroliers sont des risques importants”, estime la banque mondiale. Constat Le document CAS fournit un cadre de partenariat entre l'Algérie et le groupe de la banque mondiale, pour les exercices budgétaire 2004 à 2006. La banque mondiale estime qu'en dépit des résultats remarquables, l'économie algérienne demeure vulnérable aux chocs pétroliers. Les hydrocarbures contribuent directement pour environ 30% du produit intérieur brut. Ils assurent 65 à 70% des recettes budgétaires et gérèrent 97% des recettes totales d'exportation. Pour la banque mondiale, “les exportations algériennes sont les moins diversifiées des pays à revenus intermédiaires”. Le constat de la banque mondiale est alarmant. La croissance dans le secteur hors hydrocarbures est fragile. L'investissement privé est faible du fait que le programme de réformes structurelles demeure inachevé et qu'un environnement propice aux affaires n'a pas encore été mis en place. La fourniture de services de base, tels que l'information, les télécommunications, le transport, le logement et l'eau est inférieure à la demande qui ne cesse de croître. En parallèle, la qualité de l'éducation et des services de santé continue de se détériorer. L'Algérie, depuis le Programme d'ajustement structurel, se trouve toujours confrontée à des défis importants pour consolider et renforcer la stabilité macro-économique et achever sa transition vers une économie s'appuyant sur les forces du marché et bénéficiant d'un climat d'affaires favorisant la croissance et la productivité. C'est que pour la banque mondiale, bien que l'économie algérienne soit, aujourd'hui, gérée de manière moins administrative qu'il y a quelques années, l'héritage d'une économie à planification fortement centralisée et surtout hautement contrôlée et bureaucratisée demeure. À moyen terme, les perspectives, note la banque mondiale, sont positives et le pays fait face à des risques modérés. Le prix du baril du pétrole devrait rester autour de 23 dollars le baril, bien supérieur aux 19 dollars tel que prévu dans la loi de finances. Mais avec l'élection présidentielle il y a des risques que les réformes structurelles progressent lentement. Par conséquent, la croissance du PIB, projetée par la BM, devrait rester modeste, 3% sur la période couverte par le CAS. Un léger déficit budgétaire d'environ 1% du PIB devrait persister sur la période du CAS. Alors qu'un surplus du compte courant de plus de 9% du PIB est attendu en 2003 à cause des prix pétroliers élevés et des volumes accrus des exportations pétrolières, ce surplus baissera à environ 5% du PIB en 2005, reflétant une moindre croissance du volume des exportations pétrolières ainsi que des importations accrues. Le compte du capital restera déficitaire car les autorités continueront à honorer les remboursements de leur dette, ce qui diminuera la dette étrangère totale d'environ 2 milliards de dollars américains par an. Avec ce scénario, les réserves de la Banque centrale seront maintenues aux environs de 26 milliards de dollars américains en moyenne. En outre, l'inflation devrait augmenter à environ 4% par an en moyenne sur la période du CAS, en raison de l'exécution continue du PSRE et de la hausse de la croissance monétaire. Le risque le plus important est une chute soudaine et soutenue des prix pétroliers. Si les prix pétroliers devaient chuter à 15 dollars américains/le baril et demeurer à ce niveau pendant la période couverte par le présent CAS, et si la position économique actuelle devait rester inchangée, en particulier les dépenses publiques, les déséquilibres internes et externes recommenceraient. Critères de soutien “Etant donné l'amélioration de la position financière de l'Algérie et les perspectives à moyen terme pour les prix pétroliers, il n'y a pas besoin d'un programme de prêts allant au-delà de ce qui serait nécessaire pour fournir l'assistance technique et les services consultatifs”, note la banque mondiale. Par conséquent, il n'y a qu'un scénario de base et les prêts de la Banque ne devraient pas dépasser les 100 millions de dollars américains par an, comprenant les instruments d'atténuation du risque. “Si les circonstances changent, ou si le gouvernement demande un soutien financier additionnel au-delà de ce qui est prévu dans le scénario de base, la Banque considérerait cette demande dans le contexte du rapport d'évaluation du CAS proposé pour 2005”, précise la banque mondiale. Le groupe de la Banque revisitera les priorités lors de la préparation d'un rapport d'évaluation à mi-parcours du CAS prévu pour 2005 et de sa discussion avec le gouvernement, qui aura été mis en place après l'élection présidentielle d'avril 2004. “Si l'élection de 2004 mène à un plus grand consensus sur le besoin de réformes accélérées et à une plus grande clarté sur le programme du gouvernement, le rapport d'avancement du CAS donnerait une occasion d'élaborer un cadre basé sur des résultats plus probants pour le reste de la période du CAS”, lit-on dans le rapport. M. R. BILAN D'ERIAD-SETIF Déficit enregistré en 2002 L'entreprise Eriad-Sétif a réalisé un bénéfice de 234,09 millions de DA sur un bilan global de 12,68 milliards de DA durant l'exercice 2002. Les performances de cette entreprise ont nettement reculé comparativement à l'année 2001 durant laquelle le bénéfice enregistré s'était établi à 1,08 milliard de DA. Ce qui donne une baisse de 78%. Le montant des dividendes, qui sera versé aux actionnaires au titre de l'année 2002, sera mis en paiement au plus tard le 30 septembre 2003. Cependant, le bénéfice réalisé durant l'année 2002 représente le compte de l'entreprise-mère, Eriad-Sétif uniquement. Lorsque l'on prend en considération les comptes consolidés de l'ensemble de ce groupe agroalimentaire, c'est-à-dire les comptes d'Eriad-Sétif et de ses filiales, le bilan de l'exercice 2002 se solde par un déficit de -812,87 millions de DA, sur un bilan global de 19,42 milliards de DA. Il est à rappeler que la privatisation partielle d'Eriad-Sétif (20% du capital), opérée en 1998, avait permis de drainer 2,3 milliards de DA à travers l'émission de 1 million d'actions. Les 20% du capital de cette entreprise, cotée à la Bourse depuis septembre 1999, ont été cédés à des personnes physiques, aux banques et à une compagnie d'assurances publique.