Le dernier rapport de la mission économique Ubifrance portant sur la situation économique et financière du pays démontre que l'Algérie est aujourd'hui considérée davantage comme un pays importateur que producteur. Elle est encore loin de redouter un déficit commercial, mais la hausse continue des importations, conjuguée à la chute éventuelle de ses revenus pétroliers, pourrait conduire à une balance commerciale négative à l'horizon 2012 selon les projections du FMI. Grâce à la conjoncture favorable, due en majeure partie à la rente pétrolière, les autorités algériennes ont décidé de mettre en œuvre une politique budgétaire expansionniste visant à soutenir l'investissement. Après le Plan de soutien à la relance économique (PSRE, soit 6,9 Mds USD injectés entre 2001et 2004), le gouvernement conduit aujourd'hui le Plan complémentaire de soutien à la croissance (PCSC) sur la période 2005-2009, qui concerne 155 Mds USD. Ils sont notamment alloués au développement du réseau d'infrastructures et à la diversification de l'économie. Le plan 2010-2014 promet également des investissements publics du même ordre. Parallèlement, les autorités algériennes ont entrepris un vaste programme de réformes structurelles : libéralisation de l'économie nationale, privatisations, réforme du système bancaire, simplification du système fiscal, amélioration de la réglementation, baisse des droits de douanes, dont les effets bénéfiques commencent à apparaître en dépit des lenteurs et de revirements qui affectent leur mise en œuvre. Soucieuses de protéger l'économie et la production nationales, les autorités ont récemment mis en place une série de mesures. En effet, face au constat de la hausse considérable des importations, le Premier ministre M. Ahmed Ouyahia avait fait circuler dans ses administrations fin décembre 2008 des instructions destinées à encadrer l'investissement des sociétés étrangères. L'une de ces instructions s'est concrétisée dans le décret exécutif n°09-181 du 12 mai 2009 : les sociétés d'importation ont pour obligation d'avoir au minimum 30% de leur capital social détenus par des personnes physiques de nationalité algérienne et/ou des personnes morales dont l'ensemble des associés ou actionnaires sont de nationalité algérienne. Ces mesures sont applicables aux sociétés qui importent des matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en l'état. Les sociétés d'importation étrangères déjà présentes en Algérie, dont le nombre est estimé à 1 600 à la date de parution du décret, ne sont, quant à elles, pas tenues de se mettre en conformité avec cette nouvelle mesure. Par ailleurs, la LFC 2009 stipule qu'un minimum de 51% du capital d'une entreprise étrangère souhaitant s'implanter en Algérie devra être détenu par une personne physique de nationalité algérienne et/ou une personne morale dont les actionnaires sont Algériens. L'Algérie a bénéficié de l'effet prix du pétrole depuis 2004 Jusqu'en 2008, l'Algérie a connu une situation économique exceptionnelle tant sur le plan interne que sur le plan externe grâce à une conjoncture pétrolière favorable. Le taux de croissance réelle de l'Algérie a connu une amélioration constante ces dernières années, passant de 2,1% en 2001 à 3% en 2008, avec un pic à 6,8% en 2003. Les variables externes ont été dopées par l'envolée du cours des hydrocarbures, avec un excédent commercial record en 2008, avoisinant les 38 Mds USD, soit une progression de 16% par rapport à l'année précédente. Cette augmentation, essentiellement due à la hausse du cours du pétrole et parallèlement à celle des exportations en hydrocarbures, a procuré à l'Algérie une aisance financière confortable. En effet, l'Algérie a bénéficié à plein de l'effet prix induit par la hausse des cours du pétrole depuis 2004. Cet afflux de devises permet au pays de financer ses importations (principalement constituées de biens d'équipements, biens issus des industries automobile et pharmaceutique ainsi que du secteur agroalimentaire), d'opérer une gestion volontariste de la dette publique avec un remboursement anticipé de la dette vis-à-vis des Clubs de Paris (Etats) et de Londres (Banques), et d'accumuler un niveau de réserves de change sans précédent, atteignant plus de 140 Mds USD en 2009. Néanmoins, il s'avère que le solde de la balance commerciale hors hydrocarbures de l'Algérie est négatif (-37,1 Mds USD en 2008). Bien que les exportations assurent globalement une large couverture des importations (196,5% en 2008), la hausse continue de ces dernières, accentuée par la chute vertigineuse des prix du pétrole fin 2008 et la crise financière mondiale, menace l'équilibre de la balance commerciale en 2009. En effet, la perspective d'une diminution de l'activité mondiale, et donc de la demande de matières premières, s'est traduite par une baisse des recettes d'exportation, et ce dès le second semestre 2008. Le volume global des exportations du 1er trimestre 2009 est en nette diminution, puisqu'il chute de 42% par rapport à la même période en 2008. A contrario, au 1er trimestre 2009, les importations algériennes sont en augmentation de 10% par rapport au 1er trimestre 2008. L'Algérie n'est pas un pays producteur Dépendante de la manne pétrolière qui représente près de 98% des exportations, entre 70 et 80% des revenus fiscaux et environ 50% du PIB, l'économie algérienne demeure donc vulnérable. Encore peu diversifiée, elle ne dispose pas de secteur de production phare, susceptible de prendre le relais des hydrocarbures. De fait, le caractère mono-exportateur de sa structure commerciale l'expose fortement à un choc pesant sur les cours des matières premières énergétiques. Par ailleurs, force est de constater que l'Algérie est dépendante des importations sur certains produits stratégiques à l'image des céréales (notamment du blé, un des premiers importateurs mondiaux) et de la poudre de lait. En dehors du fruit de la rente pétrolière, l'Algérie produit peu et de facto importe beaucoup. Néanmoins, le commerce extérieur algérien a enregistré, durant l'année 2008, un solde notoire de 37,7 Mds USD contre 32,5 en 2007 soit un accroissement de 16%. Les exportations algériennes sont en augmentation de 27,7% en 2008 par rapport à 2007. Après avoir connu un léger ralentissement en 2007 (+9%), elles ont poursuivi leur croissance à deux chiffres consécutive à un effet de renchérissement du prix du pétrole. Cependant, en raison de la hausse des importations, couplée à la chute vertigineuse des prix du pétrole à l'automne 2008, les exportations ont chuté de moitié durant les six premiers mois de 2009. En effet, dépendantes des cours internationaux des hydrocarbures du fait du caractère mono exportateur de leur structure commerciale, les exportations algériennes ont baissé de 46% au 1er semestre 2009 par rapport aux résultats enregistrés sur la même période en 2008. La fin de l'envolée des cours du pétrole se traduit de facto par la chute des exportations en valeur, sans que les volumes n'aient évolué significativement. Composées à 97,4% par les hydrocarbures, les exportations algériennes sont donc peu diversifiées. Hors hydrocarbures, elles demeurent marginales avec seulement 2,6% du volume global des exportations de l'année 2008, soit une valeur de 1,95 Md USD contre 1,33 Md USD en 2007. Elles sont majoritairement dominées par les produits para chimiques (51% du volume total) et sidérurgiques (28%). Arrivent en deuxième position, les demi-produits (outils de production) qui ont enregistré une valeur de 9,8 Mds USD en 2008.Troisième poste d'importation, les produits alimentaires ont enregistré une importante facture de 7,7 Mds USD durant l'année 2008. Parmi ces produits "sensibles", sont notamment importés le blé (3 Mds USD) et la poudre de lait (1,2 Md USD), dont la France est l'un des fournisseurs majeurs. Enfin, les importations de biens de consommation non alimentaires ont représenté 11,4% des importations algériennes en 2008, soit 4,3 Mds USD. L'analyse de cette catégorie d'importation met en lumière l'importance de la facture des médicaments qui ne cesse de progresser (1,8 Md USD en 2008). La France préserve ici son rang de principal fournisseur avec une part de marché supérieure à 40%. L'Union européenne est le premier partenaire commercial de l'Algérie. Elle constituait en 2008 près de 53,25% des importations algériennes, devant l'Asie à 21,15% et l'Amérique du Nord avoisinant les 10%. Les pays arabes représentent, quant à eux, à peine 3% des importations du pays. Les résultats du 1er semestre 2009 confortent la bonne tenue des exportations du Vieux continent puisque les quatre grands partenaires commerciaux européens de l'Algérie, que sont la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, ont vu leur part de marché croître. La France, premier fournisseur de l'Algérie, se situe en leader avec 16,9% de parts de marché au 1er semestre 2009. Elle y exporte presque une fois et demie de plus que la Chine (11,2%) et l'Italie (10,9%), respectivement deuxième et troisième fournisseurs, au coude à coude. La progression constante des exportations chinoises est à signaler : 11ème fournisseur de l'Algérie en 2000, la Chine est devenue le 3e à partir de 2006 avant de passer devant l'Italie début 2009. Suivent ensuite l'Espagne, l'Allemagne et la Turquie, dont les exportations vers l'Algérie sont en nette progression. A contrario, les Etats-Unis ont perdu une place au 1er semestre 2009 par rapport à la même période en 2008, et leur part de marché tend à diminuer ostensiblement depuis 2007. A noter que la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009), promulguée récemment, a instauré le crédit documentaire comme seul et unique moyen de paiement des importations. Seules les entreprises n'étant pas de droit privé ne sont pas concernées par cette nouvelle mesure. Le système de paiement algérien se caractérise donc par une faible utilisation des moyens scripturaux, une amélioration constante des délais de recouvrement et la persistance d'incidents de paiement. A signaler que quel que soit le mode de paiement retenu, toutes les opérations d'importation ou d'exportation doivent être domiciliées auprès d'une banque. Nassima Bensalem