Les services de la Direction de l'action sociale ont enregistré 400 nourrissons issus de “mariages hors normes”, durant les dix premiers mois de l'année en cours, apprend-on auprès de l'institution sociale. Une litote qui cadre mal avec la réalité du terrain compte tenu de l'amplitude du phénomène. Parmi les bébés, une centaine souffrant de malnutrition et de maladies infantiles est prise en charge par des structures spécialisées. Selon notre source, les enfants handicapés sont automatiquement pris en charge par la pouponnière d'Oran. “Nous veillons à leur sécurité et à leur bien-être au niveau de nos structures sociales médicalisées”, ajoute-t-on. Par ailleurs, plus de soixante enfants ont récemment fait l'objet de placement au sein de familles, alors que dix nourrissons ont été remis à leurs mères biologiques. Cette dernière disposition, qui entre dans le cadre du rapprochement de la mère de son enfant, tend à tisser des liens solides autour de la petite victime. Un suivi drastique est accompli par les services de l'action sociale qui mettent en exergue l'application des textes de loi. Dans cet ordre d'idées, nous apprenons que toutes les orientations sont prises en compte afin de garantir une protection sociale à l'enfant. Ainsi, les châtiments corporels et autres maltraitances sont aussitôt et sévèrement réprimés. “Les différents services de la DAS agissent de concert avec la justice en cas de dépassements physiques ou moraux sur l'enfant”, nous indique-t-on. L'institution sociale récupère de facto l'enfant brutalisé qu'elle place dans un établissement spécialisé. Sur un autre plan, les statistiques planifiées par le département de l'action sociale ne sont pas encore achevées. “Eu égard aux tabous qui entourent ce genre de situation, nous envisageons d'organiser des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation au profit de larges couches sociales”, affirme notre interlocutrice. Dans ce contexte, les services compétents planchent sur un projet pour la prise en charge des bébés abandonnés, et ce, dès leur naissance. On notera à ce sujet que pas moins de 90 bébés abandonnés ont été enregistrés à Oran en l'espace de 10 mois. “Une vingtaine de bébés ont été découverts morts de froid et de faim. Nous avons même retrouvé des petits corps sans vie dans des poubelles ou laissés dans les cages d'escalier”, ajoute un responsable social local. Le phénomène de l'abandon de bébés ne date pas d'aujourd'hui et trouve son explication dans l'absence de structures d'accueil dignes de ce nom. “Depuis plus de dix ans, aucun établissement spécialisé dans le suivi des mères célibataires n'a vu le jour. Une situation qui ajoute au désarroi des jeunes mères célibataires qui sont vouées aux gémonies par la société, le géniteur de l'enfant et la famille”, observe un psychologue. Pointée du doigt et marginalisée, la mère célibataire est confrontée aux inimitiés de son entourage et de son voisinage immédiat. Le travail de prise en charge doit donc être revu sous l'angle de la protection sociale de la mère célibataire et de son nourrisson. Un sociologue estime que l'autonomie financière de la mère est vivement recommandée. Il observe à juste titre que les autorités locales et centrales doivent pleinement remplir leurs responsabilités. Selon notre interlocuteur, il a été constaté que plus de la moitié des mères célibataires (60%) sont âgées de moins de 25 ans, dont 20% sont des mineures âgées entre 15 et 17 ans. L'absence de prévention risque d'amplifier davantage ce phénomène qui doit être traité “dans un cadre global de toutes les formes d'inégalité des chances entre les hommes et les femmes” pour réduire les cas des mères célibataires, assure-t-on.