Les Oranais disposant de moyens financiers conséquents ont la fièvre de la bougeotte de fin d'année. Ils ne s'en cachent pas et se font un malin plaisir de dévoiler leur destination de rêve. Pékin, Istanbul, New York, Rome et Paris attirent l'essentiel des touristes adeptes d'Epicure. Les agences de voyages au centre-ville ne désemplissent pas. Les propriétaires de ces lieux proposent même le visa pour certaines destinations. On veut faire bien et vite. “Nous avons affiché complet pour des pays comme la Turquie et les Etats-Unis qui semblent jouir des faveurs de notre clientèle”, affirme le gestionnaire d'une agence sise rue Mohamed-Khemisti. Des dizaines d'agences renflouent leurs caisses durant cette période considérée comme une aubaine. “Nous offrons un service de choix à nos clients qui ne regardent pas à la dépense pour peu que la qualité des prestations est honnête”, observe un responsable syndical du tourisme. Pour les moins nantis, des agences de voyages offrent des destinations vers les villes marocaines de Marrakech et de Casablanca. Plusieurs vols charters de 150 places affichant complet sont déjà programmés entre le 27 décembre et le 2 janvier. On apprendra que le prix d'un billet (71 000 dinars) comprend l'hébergement avec sept nuitées, la restauration et le dîner du réveillon. Il y a aussi des familles qui font le déplacement au Maroc où ils passent les vacances d'hiver. Des formules sont proposées à cette clientèle ponctuelle. “Nous avons choisi mon mari et mes deux enfants de passer une partie des vacances scolaires et le réveillon de fin d'année à Casablanca. Nous économisons tout au long de l'année pour nous payer ces vacances”, affirme un couple d'enseignants universitaires rencontré dans une agence de voyages. Depuis le raidissement des relations entre l'Algérie et l'Egypte, la destination du Caire est mise sous le boisseau par les touristes algériens. Une bouderie largement partagée par les Algériens qui préfèrent lorgner du côté du Liban. Selon un représentant du syndicat du tourisme, cette décision prise “spontanément et unanimement par les clients” reflète l'état d'esprit de l'Algérien quant au choix de ses destinations. “Même si nous proposons Le Caire à 1 000 dinars, aucun de nos clients n'en voudra”, ironise le gestionnaire d'une agence de voyages. La destination Beyrouth est demandée par une certaine clientèle en quête de romantisme et de musique orientale. Mais au-delà de ce constat, Oran grouille de monde et… d'improvisation. Chacun se prépare à recevoir le Nouvel An selon son goût et sa bourse. Les restaurants de la ville se mettent au diapason de la fête. Vitrines joliment décorées, menus améliorés selon la spécialité du chef et des cartes alléchantes au prix fort. Une moyenne de 5 000 dinars par personne pour les fins gourmets des joies de la table. Sur la corniche oranaise, il faut se munir de beaucoup d'argent (entre 10 et 15 000 dinars) et aller flâner du côté des bungalows pour prétendre au dîner dansant avec l'assurance du tournis. Des habitués du complexe des Andalouses se prélassent allègrement la journée et dansent la nuit aux sons du raï. “Nous sommes ici pour faire ripaille”, lancent les gais lurons venus des quatre coins du pays. Bien sûr, les bons pères de famille n'oublient pas de sacrifier au bon repas familial agrémenté d'une bûche (entre 600 et 2 000 dinars) et de gâteaux traditionnels copieusement arrosés de thé et de café. K. R. Y.