Incontestablement, la qualification de l'équipe nationale de football au prochain Mondial sud-africain, prévu du 3 juin au 3 juillet prochains, constitue l'événement majeur en Algérie pour l'année 2009. Jamais, de mémoire d'Algériens, un tel triomphe sportif contre l'Egypte n'a suscité autant de passion et d'allégresse ! Au soir du 18 novembre, au terme de l'épopée de Oum Dormane à Khartoum, les Algériens aux quatre coins du pays et même au-delà en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique, sont sortis massivement dans les rues pour crier leur joie et leur fierté d'avoir fait abdiquer un adversaire, certes coriace, mais qui a surtout brillé par son manque de sportivité. Le caillassage du bus de l'équipe algérienne à son arrivée au Caire, le 12 novembre, dont les images ont rapidement fait le tour du monde, a sonné la révolte des Algériens. Pourtant, dès leurs premiers pas en terre égyptienne, les Algériens n'avaient en rien flairé les prémices d'un traquenard. Mis en confiance par le sobre, mais correct accueil qui leur avait été réservé à leur arrivée à l'aéroport du Caire, ils étaient si loin d'imaginer que la petite et si coquette placette qui séparait justement l'aéroport international du Caire de leur lieu de séjour, le luxueux Iberotel, serait, l'espace d'une courte randonnée aux mille dangers, le terrain d'un terrible piège à hommes. Sitôt arrivé à hauteur de l'Iberotel, l'autocar transportant la délégation nationale fut, au moment même où il ralentissait devant le portail de l'hôtel étrangement fermé, pris sous un déluge de grosses pierres, lancées à bout portant par un groupe d'ultras égyptiens qui s'étaient scindés en deux pour occuper les deux parties de la chaussée et ne rater aucune “cible”, en l'absence énigmatique d'un quelconque cordon sécuritaire. Sous ces coups de boutoir, sous forme d'une violente et incessante rafale de grosses pierres, presque toutes les vitres de l'autocar des Verts volèrent en éclats. Dénombrant quatre blessés, mais surtout paniquée et sous le choc d'une telle attaque par surprise, l'équipe nationale venait d'avoir un réel avant-goût de ce que serait son séjour en terre égyptienne. Deux jours plus tard, les Verts traumatisés par un tel cauchemar allaient abdiquer dans les temps morts au Cairo Stadium sur le score de deux buts à zéro, synonyme d'un match d'appui. Une occasion surtout pour les Verts de “rendre la politesse” à ces illuminés d'Egyptiens. Le goût de la victoire finale, quatre jours plus tard, à Khartoum, en présence de milliers de supporters algériens transportés spécialement et presque gratuitement pour cette confrontation du siècle suite à une décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'en sera d'ailleurs que plus exquis. 24 ans donc après la dernière participation au Mondial mexicain, les Antar Yahia, Bougherra, Ziani et autres Halliche et Ghezal relèvent le flambeau déjà porté haut par les Fergani, Assad, Madjer et autres Dahleb et Zidane. Le célèbre numéro dix de l'EN des années 80, Lakhdar Belloumi, aujourd'hui éditorialiste dans l'hebdomadaire sportif Liberté Foot, écrira dans sa chronique hebdomadaire que cette génération d'or de joueurs était les dignes héritiers de l'EN de 82 et 86. “Désormais, on parlera plus de cette équipe de 2010, et c'est tant mieux pour l'histoire du football algérien”, souligne-t-il avec sa perspicacité reconnue. Derrière cette très belle performance, deux hommes ont indubitablement forcé le destin. D'abord, le coach Rabah Saâdane qui, 24 ans après Mexico, revient pour qualifier de nouveau les Verts au Mondial, toujours avec le même brio. Le cheikh avec un groupe de joueurs qu'il a choisis dès le début des qualifications, un certain 31 mai 2008 à Dakar, auquel il a injecté quelques talents incontournables à l'image de Ghezzal, Meghni et autres Yebda, a su amener les troupes à bon port sans vraiment crier gare. Cette équipe que beaucoup n'attendaient même pas à la CAN a réussi incroyablement à débusquer l'Egypte, double champion d'Afrique et meilleure équipe africaine et arabe dans tous les sondages. Son credo : “Gagner chaque match”. Sa devise : “Nous sommes une équipe moyenne.” Sa technique : “Tromper l'ennemi.” L'autre artisan de la victoire algérienne n'est autre que le président de la FAF, M. Mohamed Raouraoua. Le manager de la FAF a su, en l'espace de quelques mois, doter l'équipe nationale d'une véritable organisation professionnelle. M. Raouraoua a su surtout capitaliser le succès des Verts en signant des contrats de sponsoring mirobolants avec des partenaires économiques, ce qui a évidemment largement facilité la préparation des Verts. Fini le temps des hôtels où règne la promiscuité ; les Verts se préparent désormais dans des centres de préparation relevés à l'instar de celui de Castellet ou de Coverciano. Saâdane et Raouraoua auront mérité le titre des deux hommes de l'année 2009 de l'Algérie.