Si la Conférence de Copenhague, doublée d'un sommet historique ayant réuni pas moins de 192 chefs d'Etat et de gouvernement, devait consacrer une prise de conscience universelle concernant les dangers réels auxquelles les activités et le mode de développement de l'Homme exposent la planète, le moins qui puisse être dit est que le rendez-vous a été un monumental ratage. Intervenant au mois de décembre et précédé de centaines de rencontres et de négociations bilatérales et multilatérales, le Sommet devait non seulement marquer positivement l'année 2009 de son empreinte en la clôturant sur une note d'espoir pour l'avenir de l'humanité et de la planète, mais aussi engager les Etats dans une voie de développement nouvelle, plus soucieuse de l'environnement et des équilibres naturels et moins injuste à l'égard des pays du Sud, victimes de la course effrénée à la puissance et à l'enrichissement de ceux du Nord. Aucun chef d'Etat, aucun responsable des pays industrialisés ne peut feindre d'ignorer la gravité du problème et l'urgence d'agir avant que les dégâts ne deviennent irréversibles. L'intervention pathétique du président français, Nicolas Sarkozy, appelant à une réunion nocturne à la veille de la clôture du Sommet pour tenter de ne pas se quitter sur un cinglant échec, est la preuve même que le problème ne se posait plus en termes de prise de conscience mais bien de volonté politique. Ce n'est pas un hasard si le sommet a été dominé par le bras de fer entre les deux géants économiques que sont les Etats-Unis et la Chine, responsables à eux seuls de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Un bras de fer qui n'est pas loin de la mise en scène, qui arrange les deux pays et qui permet aux puissances moyennes d'Europe de s'en laver les mains. Quand la Chine a refusé de réduire ses émissions de gaz carbonique en ne concédant qu'une maîtrise hypothétique de leur croissance, les Etats-Unis ont campé sur leur proposition de réduire les leurs de 17% par rapport à 2005, ce qui n'équivaut qu'à 4% par rapport à l'année de référence de 1990. Barack Obama ne pouvait que s'en féliciter pour des raisons de politique intérieure, ne voulant pas se mettre à dos un Congrès très chatouilleux sur la question au moment même où il le sollicite pour agréer la réforme phare de son programme, relative à la couverture sanitaire universelle. L'Europe s'est alors contentée de prendre l'opinion internationale à témoin, en ayant bonne conscience à moindre frais. Résultat des courses : pas d'accord ! À peine une déclaration politique vague, sans objectifs précis et que l'ONU ne peut même pas prendre à son compte dans la mesure où tous les pays présents ne l'ont pas signée. Certes, ladite déclaration reprend l'objectif de limitation à 2°C la hausse de la température, aux horizons 2050, par rapport à l'ère préindustrielle. Mais elle n'indique à aucun moment les moyens à mettre en œuvre pour ce faire et ne fait pas référence à la nécessité de réduire d'au moins 50% les émissions de gaz à effet de serre d'ici-là. Elle comporte encore moins des objectifs chiffrés et contraignant par pays, se contentant d'inviter les Etats à fixer eux-mêmes leurs objectifs en début 2010, selon leur bon vouloir, et sans possibilité sérieuse de contrôle. En effet, l'Organisation mondiale de l'environnement qui devait voir le jour pour jouer le rôle de gendarme en la matière a été totalement évacuée, les Etats n'étant tenus que de présenter tous les deux ans à l'ONU un bilan des efforts qu'ils auraient consentis. Seules consolations : quelques dispositions en matière de déforestation et l'évaluation chiffrée de l'aide en faveur des pays pauvres, fixée à 10 milliards de dollars par an pour les trois ans qui viennent et à 100 milliards à partir de 2020. Les principaux bénéficiaires seront les pays africains, à la fois les moins pollueurs et les plus atteints par le dérèglement climatique. Autre objet de satisfaction : le continent africain a été très présent au sommet et a fait l'objet de toutes les sollicitudes.