Les praticiens et les spécialistes de la santé publique s'unissent pour lancer une grève illimitée dans les hôpitaux à partir de demain, ont annoncé, hier, les deux présidents des syndicats, lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'UNPF, à Alger. Deux principales revendications sont à l'ordre du jour : le statut particulier et le régime indemnitaire. Le docteur Mohammed Youcefi, secrétaire général du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), a expliqué que “la grève reste la seule solution pour sauver le secteur du désastre et faire entendre leur voix. Nous demandons à participer à la prise de décisions”, a-t-il ajouté. M. Youcefi a également annoncé que son organisation syndicale a décidé de se joindre au mouvement de grève du SNPSP (Syndicat national des praticiens de la santé publique). Le SG du SNPSSP a imputé les raisons du retard dans la réalisation de cette alliance à un problème de timing. Il a ajouté que “cette rencontre a été organisée face à une situation difficile et délicate. Nos deux syndicats se sont réunis dans un environnement où le système de santé est mis en péril. Nous sommes venus pour tirer la sonnette d'alarme”. Le syndicaliste reconnaît que le mépris affiché par la tutelle se matérialise par deux preuves. La première, le secteur est à ce jour géré par une loi qui date de 1985, signe que le secteur est délaissé. Le second point est l'exclusion par la tutelle du partenaire social lors de la prise de décisions, “comme cela s'est produit lors de l'élaboration du dossier du statut particulier où le ministère de la Santé n'a pas pris en considération les différentes propositions faites par les syndicats”. La même position est assumée par M. Merabet, SG du Syndicat national des praticiens de la santé, qui “a déploré l'attitude de la tutelle à l'égard du partenaire social” et qu'il a qualifié de “négative”. “Nous assumons nos responsabilités. La tutelle devrait impliquer le partenaire social dans la prise de décisions, notamment celles relatives au régime indemnitaire”, a-t-il encore indiqué. Le Dr Youcefi voit dans l'attitude qu'il qualifie d'“entêtement” de la tutelle une manière de vider le secteur de la santé de la responsabilité humaine. “Les autorités n'investissent que dans l'équipement et non dans le facteur humain”, a souligné le conférencier avant de s'interroger : “Avec qui ils vont faire marcher et améliorer le secteur ?” Il répond : “Ils feront cela avec les Cubains et les Chinois.” L'orateur a également critiqué la gestion de la question relative à la grippe A. “Ils (ministère de la Santé) ont provoqué une panique sans raison dans la gestion de la pandémie. Le ministre n'était pas obligé d'annoncer de manière aléatoire des dates pour la réception du vaccin. Le traitement de cette question donne une idée sur la manière avec laquelle le secteur est géré”, commente Youcefi. Pour sa part, le docteur Lyes Merabet, SG du Syndicat national des praticiens de la Santé publique (SNPSP), a rappelé que son syndicat est déjà en grève illimitée depuis le 21 décembre 2009, sans qu'une solution ne vienne débloquer la situation malgré le fait que le mouvement a eu plus de 80% de taux de suivi. Le SG du SNPSP affirme, de son côté, que “la tutelle tente de casser le mouvement de protestation, et face à cette attitude, le syndicat a opté pour la grève illimitée”. Pour le premier responsable du syndicat, un tel mouvement a pour objectif “de soulever les problèmes des praticiens de la santé publique et par la même occasion condamner les pratiques de la tutelle qui veulent nous mettre devant le fait accompli”. Le syndicaliste fait référence à l'élaboration et la promulgation du statut particulier sans avoir consulté ou prendre en considération les suggestions des syndicats. M. Merabet trouve regrettable que “le ministère réduit le combat des syndicalistes à une question d'argent”, même si la revendication salariale est à la base de la contestation. Mais après la décision de la tutelle d'appliquer une ponction sur salaire, les praticiens de la santé publique tiendront le 14 janvier prochain un conseil national pour discuter de l'avenir du mouvement et du maintien ou pas du service minimum, censé être obligatoirement assuré durant la grève. “Nos adhérents nous demandent de ne plus assurer le service minimum du moment que des ponctions sur salaire sont opérées.”