Notre journal a tenté d'identifier les faits à retenir de l'année 2009. Il n'a trouvé que ces quelques opérations : l'élection présidentielle, le Festival culturel panafricain et l'expédition de Khartoum. Toutes marquées par leurs évidentes finalités politiques, elles illustrent le genre d'actions pour lesquelles le pouvoir sait dépenser sans compter. Là où il aurait dû être question de projets achevés, de réformes accomplies ou d'équipements réceptionnés, il est question de poudre aux yeux. En 2009, on ne nous aura livré ni l'autoroute Est-Ouest, ni le métro d'Alger, ni aucun tramway de grandes villes en cours de réalisation ; on ne nous aura pas livré, dans son intégralité, le million de logements promis en 2004, ni même la totalité des vaccins antigrippaux achetés. On l'aura compris : le niveau de corruption atteint par l'administration la rend impuissante à gérer les prestations de nos fournisseurs. Ceux-ci paient apparemment trop de responsables pour que ces derniers puissent avoir la moindre exigence ! En 2009, la tripartite s'est réunie. Il faut écrire son nom en majuscules, parce qu'il y a eu tant d'investissements dans cette mise en scène d'une âpre négociation sociale entre un patronat assisté, un syndicat rentier et un Etat qui fait vivre tout le monde, sauf les travailleurs. Des années à attendre que le Smig soit enfin si solennellement porté à cent-dix euros ! Pendant que la communication de l'Etat tout entier repose sur le calendrier footballistique international, le pétrole continue à financer la position socioéconomique géostationnaire adoptée pour le pays. Ce qui permet au ministre des Finances de jubiler : “Nous avons des réserves pour couvrir trois ans d'importations.” Et donc… pour nous dispenser d'une politique économique. Ce qui permet aussi au ministre de la Jeunesse et des Sports de décréter que le résultat de Khartoum “n'est ni un miracle ni le fruit du hasard”. Pourtant, à la veille du tournoi éliminatoire, tous les officiels insistaient sur le fait que la qualification pour le Mondial n'était pas un objectif ! Mais quelle programmation alors a fait que des Européens, d'origine algérienne, et des Algériens qui ont tenté l'aventure professionnelle éclosent au même moment en une victorieuse équipe si ce n'est le hasard ? Pendant que les projets d'équipement piétinent, que la corruption rançonne la dépense publique, que l'économie stagne, que les difficultés sociales s'aggravent, que l'intégrisme étouffe la société, que la justice est utilisée à réprimer l'activité syndicale, le pouvoir s'emploie à reprendre, une à une, les libertés acquises, parfois de haute lutte, par le citoyen. En matière de liberté de la presse, et dans sa progression à rebours, l'Algérie vient d'“atteindre” la 141e place sur 171 pays classés par RSF. Le président de la Fédération de football a déjà annoncé le montant de la prime pour la Coupe d'Afrique : plus de cinq cent mille euros. Ce n'est pas cher payé, si un seul but réussi autorise à rater tant d'objectifs. M. H. [email protected]