«Créons notre propre image et notre identité, libérées enfin du regard de l'autre», a asséné la ministre de la Culture, hier matin, devant un parterre de patrons de médias africains tous horizons confondus... Accompagné de M.Mourad Medeleci, ministre des Affaires étrangères, Khalida Toumi a ouvert hier matin, à l'hôtel El Djazaïr, la rencontre avec les journalistes des médias nationaux et africains, devant se tenir durant deux jours pour discuter de la couverture médiatique du 2e Festival panafricain. Une rencontre qui aura pour objet, a indiqué la ministre, de «débattre des éventuelles difficultés qui peuvent se dresser devant le journaliste durant l'exercice de sa mission et à dégager les voies et moyens pour les aplanir. Cette rencontre se tient sur recommandation de la commissaire africaine aux Affaires sociales et culturelles, Mme Biencée Gawanas, qui a insisté sur la nécessité de définir une vision médiatique pour ce festival». Khalida Toumi a rappelé encore une fois la richesse du programme devant être déroulé du 5 au 20 juillet, avec quelques exemples chiffrés à l'appui et les noms d'artistes qui y prendront part, comme Khaled, Youssou N'dour ou encore Manu Dibango, etc. Elle citera la tenue de l'exposition de la bande dessinée africaine, l'hommage qui sera rendu à l'artiste-peintre Choukri Mesli, dit l'Africain mais aussi l'expo sur les chefs-d'oeuvre du patrimoine immatériel. «Nous soutenons l'idée que l'Algérie est en mesure de se hisser et de s'affirmer dans tous les domaines et de redonner ainsi à la jeunesse ce sentiment d'appartenance à l'Afrique qui ne souffre pas de complexe et qui sait relever le défi. Ceci s'adresse en primauté aux médias africains que j'invite à être en force pour couvrir l'événement. Nous l'Afrique, nous donnons rendez-vous au monde à Alger. Africa is back!» «1500 journalistes sont attendus d'ici et d'ailleurs, principalement de l'Afrique. La réunion qui se tiendra aujourd'hui entre le DG de l'Anep, de l'Enrs et de l'Entv, notamment, aura pour but de faire la liste des besoins et recommandations des médias pour assurer la réussite de cet événement», a déclaré M.Zouaoui Benamadi, chargé du département communication. Pas moins de 44 pays membres de l'Union africaine (UA) parmi 55 membres ont confirmé leur participation à cette manifestation culturelle pour laquelle l'Algérie a mis en place un fonds de 5,14 milliards de DA, dont trois milliards et demi sont allés à la construction du village des artistes à Zéralda, autrement dit 70% du budget, un village que les médias sont invités à visiter ce matin pour plus de clarté dans ce domaine. Khalida Toumi évoquera, de nouveau, le contexte qui a prévalu à l'organisation de ladite manifestation qui s'inscrit dans une démarche politique africaine de l'Algérie, comme préconisée par le président de la République dès son premier mandat avec notamment l'organisation du Sommet de l'OUA en 1999, l'engagement du pays dans le lancement et le développement du Nepad, ainsi que l'organisation des Jeux africains en 2007, sans oublier la tenue de «L'année de l'Algérie en France 2003», et «Alger, capitale de la culture arabe 2007». Elle a souligné, dans ce sens, que ce festival «pour lequel tous les moyens matériels et humains ont été mobilisés doit être à la hauteur des aspirations de l'Algérie». «Il doit refléter la véritable image de l'Algérie d'aujourd'hui, son identité», a-t-elle insisté tout en soulignant à cet égard la nécessité de traiter l'information avec beaucoup de précision et de professionnalisme. Un sujet qui ne cesse de faire couler l'encre et qui sera débattu lors d'un colloque, est bel et bien le retour des biens patrimoniaux vers les pays d'origine. «La problématique des biens spoliés par les anciens colonisateurs par leur pays d'origine n'implique pas seulement l'Afrique. L'Afrique est solidaire et défend le retour de ses oeuvres, tels en Egypte mais aussi en Grèce, les ministres africains seuls ne font rien. C'est un combat qui implique tout le monde. Cette question devient lancinante y compris chez les médias occidentaux. Les ministères africains en ont conscience, c'est pourquoi on a besoin des médias africains.» Et M.Medelci de relever: «Nous avons aujourd'hui une idée plus claire sur ce qui a été laissé et ce qui a été pris. Nous devons nous réapproprier notre mémoire. Ce segment sera évoqué sur un terrain nettement plus large, plus serein que politique lors d'un colloque.» La deuxième édition du Festival culturel panafricain intervient quarante ans après la première, organisée également en Algérie, ceci est «le temps pour les historiens de mettre une virgule», a déclaré, avec une pointe d'humour, la ministre de la Culture. Plus sérieusement, argue-t-elle, «pourquoi tout ce temps? Car il a fallu vaincre l'apartheid, que l'Afrique se libère, que l'Algérie aille mieux...» Khalida Toumi rappellera aussi que c'est l'Union africaine qui a décidé de charger l'Algérie d'organiser le 2e Festival culturel panafricain lors de la Conférence des ministres africains de la Culture à Nairobi, en décembre 2005, décision confirmée par le Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement à Khartoum, en 2006. De ce fait, a-t-elle indiqué, la tenue du Festival des arts nègres de Dakar qui se tiendra en même temps «n'est pas une contradiction, mais une complémentarité. L'Algérie y prendra part en force. Il n'y a aura aucune concurrence!» Et s'adressant notamment, aux cinéastes algériens, Khalida Toumi lâchera en final: «Cette initiative témoigne de l'Afrique qui sort et se filme pour l'autre. N'attendons pas que l'autre qui a plus de moyens que nous, parle de nous. Décidons de notre image. Cinéastes algériens et africains parlez de moi autrement que ce que les autres racontent sur moi!»