L'arrivée des stars maliennes à l'aéroport international de Luanda a été l'un des événements phare de cette CAN, car cette équipe renfermait des stars et pas des moindres, Frédéric Kanouté, Mamadou Diarra, Sissoko, Diallo et surtout Seydou Keita du FC Barcelone qui était le plus sollicité. Liberté s'est rapproché de lui et lui a arraché cet entretien. Liberté : Vous venez d'arriver à Luanda pour participer à la 27e CAN. Dans quel état d'esprit se présente cette compétition pour votre sélection nationale, le Mali ? Seydou Keita : Nous sommes ici pour représenter dignement notre pays. Je sais que cette CAN renferme des équipes très solides dont certaines sont qualifiées au Mondial. Je sais que ce sera très rude et chaque nation aura à défendre son prestige. C'est le cas du Mali qui est là pour créer la sensation et aller même s'il le faut en finale. Les joueurs sont prêts au sacrifice de la nation. Une revanche en quelque sorte après avoir raté le Mondial ? On pouvait bien prétendre à une qualification au Mondial, mais le Ghana était à mon avis la meilleure équipe du groupe et mérite amplement sa qualification. On a raté les débuts, c'est ce qui ne nous a pas permis de nous racheter par la suite. Il est vrai que tous mes camarades voulaient aller au Mondial, car notre pays mérite de faire partie des meilleures nations africaines au Mondial. Notre génération est unique mais n'a pu concrétiser ce rêve. C'est dommage. Pourtant, ce ne sont pas les stars qui manquent. Ce n'est pas évident. Prenez le cas de l'Argentine. Avec toutes ses stars, elle s'est qualifiée in extremis. Parfois, vous avez beau avoir les meilleurs joueurs du monde mais vous pouvez rater vos objectifs. Cela dit, on se concentre maintenant sur cette CAN qu'on n'est pas prêt de lâcher. Vous figurez dans le groupe du pays organisateur et d'un mondialiste, en l'occurrence l'Algérie. Comment le jugez-vous ? C'est un groupe relativement équilibré mais difficile, il jouera à un détail près, car même le Malawi qu'on présente comme le plus faible peut créer la surprise. Ce sera très serré. Il est très difficile de donner le moindre pronostic. Toutefois, je peux vous dire que l'équipe qui gérera au mieux son parcours passera au second tour. Que pensez-vous justement de l'Algérie que vous rencontrerez lors de la 2e journée fixée au 14 janvier ? C'est une très bonne équipe qui renferme de bonnes individualités, le fait qu'elle soit mondialiste, montre qu'elle n'est pas là pour de la figuration. Surtout qu'elle a éliminé le double champion d'Afrique du Mondial sud-africain ? C'est ça. Donc, c'est une bonne équipe, elle a réalisé un bon match face à l'Egypte et mérite d'aller au Mondial avec les autres grandes nations du football africain. Je suis convaincu que l'Algérie fera honneur au football africain en Coupe du monde, comme elle l'a fait lors de ses deux participations. En tout cas, je n'ai pas été surpris que l'Algérie élimine l'Egypte. Tout le monde ici s'accorde à dire que le mieux sera le Mali et l'Algérie. Qu'en dites-vous ? (Après un large sourire !) Ah ! C'est une idée qui n'est pas mal, et que fera-t-on du pays organisateur ? Je souhaite bien que le Mali et l'Algérie aillent au second tour et pourquoi pas arriver jusqu'en finale, mais entre le souhait et la réalité, il y a un grand fossé. Tout se décidera sur le terrain. Votre participation à la CAN était incertaine, d'abord à cause d'une blessure, ensuite, on a évoqué l'insistance de votre entraîneur Guardiola qui voulait vous garder au sein de l'effectif... Il est vrai que ces derniers temps, j'étais blessé, mais je n'ai jamais écarté ma participation de la CAN. L'entraîneur bien sûr veut me garder, mais les couleurs de mon pays passent avant toute autre considération. Je suis là pour défendre le Mali. Je n'ai pas eu de problèmes avec mon coach pour venir à la CAN, c'est le cas des autres joueurs africains qui évoluent en Liga. Peut-on dire que vous êtes donc rétabli de votre blessure ? Je ne sais pas encore, car j'ai fait une petite séance hier. On verra bien demain si je peux jouer ou non dimanche face à l'Angola. Je vais consulter l'entraîneur pour prendre une décision. Pour le moment, ce n'est pas aussi grave, mais je n'aime pas courir le risque de compliquer les choses. Mieux vaut rater un match que la CAN. Je serai fixé demain sur ma participation au match d'ouverture. Le Mali peut-il sortir vainqueur de la CAN ? Oui, nous avons les moyens de le faire.