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“Je n'ai pas été informé de l'affaire, c'est à la justice de trancher” Le ministre de l'énergie confirme le placement sous contrôle judiciaire du P-DG de Sonatrach
Le premier responsable du secteur a confirmé également que deux vice-présidents sont incarcérés à Serkadji, qu'un troisième vice-président et quatre directeurs de Sonatrach sont sous contrôle judiciaire. Un séisme de forte puissance vient de secouer Sonatrach, la compagnie nationale qui assure 98% des recettes en devises du pays et plus de 60% des entrées fiscales du pays. En effet, le ministre de l'Energie et des Mines a confirmé dans une conférence de presse tenue hier que le P-DG de Sonatrach, trois vice-présidents sur quatre, et quatre directeurs sont mis en cause dans une affaire de passation de marchés. “Le P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, est sous contrôle judiciaire. Benamar Zenasni, le vice-président chargé de l'activité transport par canalisations et Belkacem Boumediene, le vice-président chargé de l'activité amont, c'est-à-dire l'exploration et la production sont actuellement emprisonnés à Serkadji. Autrement dit, ils sont sous mandat de dépôt. Le vice-président chargé de la commercialisation, Chawki Rahal, est également sous contrôle judiciaire”, a indiqué Chakib Khelil. C'est donc la tête de Sonatrach qui est mise en cause dans des malversations. Au total, huit responsables de Sonatrach sont inculpés. Les quatre premiers responsables occupent les fonctions les plus importantes au sein du top management de la compagnie. “Quatre directeurs, détenant des postes névralgiques au sein de la compagnie, sont également sous contrôle judiciaire : le directeur d'ACT (affaires sociales), le directeur chargé du forage faisant partie de l'activité amont, le directeur du transport par canalisations, et un directeur chargé de la commercialisation”, a ajouté le ministre de l'Energie. “Je suis au même niveau d'information que la presse !” Surprenant : le premier responsable du secteur a affirmé d'emblée qu'il ne connaissait ni l'objet des inculpations ni les faits qui sont reprochés aux responsables mis en cause. “Je ne peux pas préciser les motifs des inculpations car je ne connais du dossier que ce qu'en a donné la presse. Je suis au même niveau d'information que la presse. Tous les cadres inculpés sont présumés innocents jusqu'à ce que la justice prouve leur culpabilité. Je n'ai été informé par aucune institution. Je suis surpris comme vous. Ce sont les mis en cause qui m'ont informé qu'ils ont été inculpés par le tribunal (de Sidi-M'hamed). Les avocats de Sonatrach vont défendre tous ces responsables. C'est ce que prévoit la convention collective du groupe. C'est la justice qui va trancher. Il faut laisser la justice faire son travail”, a-t-il répondu. Le ministre de l'Energie a confirmé également qu'Abdelhafid Fegouli a été nommé P-DG de Sonatrach par intérim. “On a décidé de remplacer ces hauts dirigeants”, a-t-il ajouté. À une question sur une éventuelle instruction de la Présidence pour prendre les mesures à même d'amortir les effets de ce scandale et réhabiliter l'image de Sonatrach, il a répondu n'avoir eu aucun contact avec cette institution dans le cadre de cette affaire. À en croire ses propos, le ministre de l'Energie et des Mines a été donc tenu à l'écart de ce dossier lourd de conséquences pour la Présidence et les services qui ont pris en charge le dossier. “La production et les revenus pétroliers ne seront pas affectés par ce scandale” À propos des effets du séisme, le ministre de l'Energie a tenu à rassurer : “La production des hydrocarbures et les revenus de l'Algérie tirés des exportations du pétrole et du gaz ne seront pas affectés. Il y a 1 700 cadres capables de prendre la relève et de gérer les 170 projets en cours de réalisation dont certains dépassent le milliard de dollars”, a-t-il soutenu. Le ministre a ainsi tenté de minimiser l'impact de ce scandale sur les résultats de Sonatrach. À propos de l'attractivité de l'Algérie après cette affaire, il a affirmé qu'on aura une évaluation précise dans un an. Pourquoi les institutions de contrôle de la compagnie pétrolière nationale n'ont pas fonctionné : l'Inspection générale du ministère, la structure audit de Sonatrach et du ministère, le conseil d'administration de Sonatrach, l'assemblée générale ? Le ministre a éludé la question, donnant l'impression que ce dossier lui échappe complètement. Il s'est contenté de relever des failles dans le système de passation de marchés, l'absence de spécialistes dans le procurement (fonction achat des équipements dans les contrats) et l'insuffisante formation des cadres chargés de l'organisation et le suivi des appels d'offres. “Je vous dis la vérité”, a martelé Chakib Khelil, à propos de ce gap d'informations surprenant pour un responsable à la tête d'un département aussi stratégique. Sur la multiplication des marchés attribués de gré à gré par Sonatrach, il a soutenu que l'infructuosité des résultats des appels d'offres a conduit la compagnie pétrolière nationale à recourir fréquemment à cette procédure. Il a insisté sur le fait que ces hauts responsables sont innocents jusqu'à preuve de leur culpabilité. Affaire donc de justice. À noter que les huit responsables de Sonatrach mis en cause sont inculpés dans des malversations dans la passation de marchés par TRC, la division transport par canalisations de Sonatrach, selon la presse. Les bénéficiaires sont deux bureaux d'études, de consulting et de sécurité. Les fils du P-DG de Sonatrach sont également mis en cause dans ce contrat ainsi l'ex-P-DG de la Banque publique CPA, Hachemi Meghaoui, et son fils ayant joué le rôle d'intermédiaires. Tous ont été mis sous mandat de dépôt. Cette affaire intervient quelques semaines après que TRC eut été accusé de favoriser les sous-facturations dans l'octroi d'un marché important de fournitures de tubes. (Voir lettres d'un soumissionnaire adressées au P-DG de Sonatrach, au ministère de l'Energie, rendues publiques par Liberté). Une affaire prise en charge, selon un responsable de Sonatrach par la DRS. Elle intervient également après l'incarcération de hauts responsables du ministère des Travaux publics dans le cadre du scandale de l'autoroute Est-Ouest. La Présidence vient-elle de lancer une opération mains propres ? Si on est dans ce scénario à qui le tour ? D'autres têtes tomberont-elles ? L'opinion publique, pas dupe, sait que ce sont les lampistes qui paient. Jusqu'à preuve du contraire. En tout état de cause, l'affaire qui éclabousse ce géant de l'énergie, principale source de revenus pour le pays, entache l'image de l'Algérie à l'extérieur. C'est le moins qu'on puisse dire.