A Birkhadem où il a vu le jour il y a de cela 46 printemps au lieudit baptisé du nom du saint protecteur Sidi Embarek, Ahmed “Nia” (Le niais) de son vrai nom Bouziane, ne passe pas inaperçu. Et pour cause, l'homme inspire un respect mêlé de crainte, lorsqu'il bat le pavé à ses heures perdues. En effet, et à la vue de la silhouette filiforme de l'homme, force est de croire que la... “Faucheuse” est passée par là ! Et pour cause, l'homme est intimement lié à l'inexorable… “Dame en noir” de par son métier de fossoyeur. Un métier qu'il exerce durant 25 années sans aucune contrepartie pécuniaire et qu'il lui a valu une… “pelletée” de distinctions, dont celle du responsable du cimetière d'El-Alia, où il a réussi la gageure de creuser trois tombes en une heure ! Mieux, il se surpassa à l'ossuaire de Bir-khadem sis sur la route d'El-Qadous (Le réservoir), lorsqu'il creusa quatre tombes dans le même laps de temps et ouvert trois “q'bour mensiyine” (Des tombes oubliées) qu'il a repérées auparavant sous les herbes folles à la nécropole d'El-Kettar et qui ne figuraient pas sur le registre d'identification du service des pompes funèbres. S'il en est, la découverte a fait des heureux parmi les familles qui désespéraient de retrouver un repère de leurs chers disparus. Enfin, et même s'il a vécu jusqu'au jour d'aujourd'hui de dons d'anonymes donateurs éplorés, il est temps d'intégrer Ahmed Bouziane dans le circuit formel du travail, afin de lui assurer la pérennité d'un emploi et partant, une couverture sociale. Et pour ce faire, la mairie de Birkhadem est tout indiquée pour tendre la main à Ahmed “Nia”. Ne serait-ce que pour services rendus d'avoir enterré toute une génération de Birkhadémois et cela ne s'oublie pas. Seulement voilà que “Sid-El-Mir” (Le maire) de Birkhadem s'y oppose au motif qu'Ahmed “Nia” a un casier judiciaire, où il est consigné une erreur de jeunesse, autrement un chahut d'enfant qui a valu à notre fossoyeur une légère peine avec sursis. En ce sens, l'élu y gagnerait en sympathie s'il venait à tendre une main salvatrice à Ahmed “Nia”. D'autant qu'il est orphelin et risque d'ici peu l'expulsion de la maison où il a grandi jadis aux côtés de sa tendre grand-mère défunte. Alors, un emploi pour Ahmed “Nia” ? Pourquoi pas ! Puisqu'il le vaut bien.