Le siège laissé vacant par feu Ted Kennedy, qui a été remporté mardi par le candidat républicain au Sénat, peut coûter cher à Barack Obama dans la perspective du vote en seconde lecture de la réforme de la santé, car les démocrates perdent au niveau de cette chambre leur majorité qualifiée. Adoptée en première lecture, la réforme de santé, un objectif très important pour Barack Obama, risque d'être bloquée en seconde lecture. En effet, les républicains, opposés à ce projet, reviennent en force en remportant le siège au Sénat laissé vacant après le décès de Ted Kennedy dans l'Etat du Massachusetts. Le candidat républicain Scott Brown a damé le pion à la démocrate Martha Coakley. Cette défaite, intervenue à la veille du premier anniversaire de sa prise de fonctions à la Maison-Blanche, constitue un très mauvais coup pour Barack Obama. L'échec des démocrates, dû, selon les observateurs, en partie à une campagne sans relief, risque de porter un coup au moral de sénateurs démocrates sortants alors que des élections législatives se profilent en novembre. À la chambre haute du Congrès américain, Obama et ses alliés pouvaient compter sur 60 votes sur 100, soit exactement la “super-majorité” nécessaire pour passer outre une obstruction républicaine. M. Brown avait fait campagne en promettant de bloquer la réforme. Les démocrates peuvent encore essayer de sauver le texte, approuvé en des termes différents par la Chambre des représentants, en faisant adopter par cette chambre la version du Sénat, ce qui éviterait à la chambre haute d'avoir à voter à nouveau. Il n'en demeure pas moins que la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait affirmé, mardi, que quoi qu'il arrive lors de l'élection, “nous aurons un système de santé abordable et de qualité pour tous les Américains, et ce sera très bientôt”. À moyen terme, les républicains pourraient se faire un plaisir de bloquer les textes voulus par Obama. Parmi les projets de loi emblématiques des prochains mois figurent un texte sur la lutte contre le réchauffement, une réforme du système financier et une autre de l'immigration, autant de sujets controversés. Mardi, alors que le scrutin était en cours, la présidence réfutait l'idée que l'élection constitue un rejet de sa stratégie. Le porte-parole d'Obama, Robert Gibbs, a affirmé que le Président savait que les Américains étaient “déçus” et “en colère”, tout en affirmant que M. Obama devait son élection à la vague de mécontentement. Faut-il pour autant préparer l'oraison funèbre de la présidence Obama, qui entame seulement la deuxième de ses quatre années ? L'histoire récente montre que d'autres présidents se sont remis de tels revers : Bill Clinton et avant lui Ronald Reagan ont su reprendre pied, aidés par un redémarrage de l'économie, note un analyste américain. La coïncidence dévastatrice de cette élection est que “Ted” Kennedy, sénateur du Massachusetts pendant presque un demi-siècle, s'était battu pour une réforme du système de santé avant d'être terrassé par un cancer l'été dernier. Ce dernier, triomphalement élu sur une promesse de changement, fait face à un mécontentement grandissant des Américains, en particulier sur les questions économiques, alors que la sortie de récession ne se traduit pas pour l'instant par une reprise du marché de l'emploi.