La santé et l'environnement dans les pays en développement. Cette épineuse question qui ne cesse de tarauder les esprits des spécialistes, notamment de la santé publique a fait l'objet d'un colloque international de deux jours au CHU Nedir-Mohammed de Tizi Ouzou. Pour cerner cette question à multiples facettes, dont les relations de cause à effet ne sont pas toujours faciles à établir, les organisateurs ont axé les travaux sur cinq thèmes principaux, à savoir “L'environnement et la santé”, “L'entomologie et la santé”, “L'eau et la santé”, “Le rôle de l'environnement dans la préservation de la santé des individus” et “La nature et la santé”, dans le cadre desquels de nombreuses questions ont été soumises à débat. Lors de son allocution d'ouverture, le directeur de l'hôpital, le Dr Mansouri, a expliqué la nécessité de se pencher sur cette question par le fait que “l'équilibre précaire qui entoure les différents milieux dans lesquels évoluent les êtres vivants contribue, à travers l'air que nous respirons, l'eau que nous buvons et le sol que nous cultivons, à hypothéquer notre santé”. Pour lui, d'ailleurs, si naguère notre problème résidait dans les maladies transmissibles, infectieuses et à transmission hydrique, aujourd'hui, c'est plutôt l'apparition des pathologies dites du développement, tels que le cancer, la pathologie cardiovasculaire et les pathologies pulmonaires qui sont devenues problématiques. Pour illustrer les effets néfastes d'un environnement malsain sur la santé publique, les participants à ce colloque, qui a réuni de nombreux spécialistes algériens et étrangers de la santé, ont présenté les résultats d'une enquête sur les effets de la pollution menée, durant l'année 2006, dans la ville de Béjaïa. Une enquête qui a révélé que 32,82% des personnes interrogées présentent des pathologies chroniques dont le diabète se taille la part du lion avec un taux de 29%, suivi de l'asthme 23,71%, les allergies 18%, les problèmes cardiovasculaires 6,03% et l'insuffisance rénale 6,03%. L'enquête a révélé également que 53,45% des enquêtés malades sont des femmes et 46,55% des hommes souffrant principalement de bronchites chroniques, de toux chroniques, de diabète et d'hypertension. Le lien entre l'environnement et ces pathologies ne peut évidemment être établi qu'après la présentation d'une autre étude qui a classé la ville algérienne, en général, dans le genre “ville sourde et muette” qui est caractérisé par le manque de ressources naturelles,des espaces verts défaillants, un environnement bruyant et pollué, des déchets envahissants, eau gaspillée, matériaux malsains et maisons étanches à l'air. C'est ainsi d'ailleurs que les participants se sont longuement étalés sur les questions de la protection de la biodiversité, le choix alimentaire qui se trouve au carrefour de la santé publique et du développement durable, et aussi l'introduction du concept de ville saine et écologique qui traduit la vision d'une ville qui, tout en préservant la santé des habitants, participe à la protection de l'environnement et à la gestion des ressources naturelles, et ce, en introduisant de nouvelles approches relatives à la relation habitant-santé-environnement.