“Les Egyptiens n'ont jamais mené de guerre dans leur histoire. J'ai été pestiféré par les déclarations de leur élite contre notre Révolution et notre emblème national”, a déclaré en substance l'ex-ministre de la Défense nationale. Les hautes autorités politiques égyptiennes ont effacé toute trace de la participation de l'Armée algérienne aux deux guerres de 1968-1969 et de 1973 à 1975 contre Israël. Les archives, tous documents confondus, au Musée historique du Caire, ne font référence à aucun passage de l'ANP (Armée nationale populaire) en Egypte, alors que plus de 20 000 officiers, sous-officiers et soldats algériens, en plus d'avions, de chars, de canons, de véhicules de combat, cédés gratuitement à l'Egypte, ont été envoyés à cette bataille, même si les Algériens ont participé à une guerre d'usure. Mieux, pas moins de 117 militaires algériens ont laissé leur vie, dont certains déchiquetés et tombés au champ d'honneur, n'ont même pas été rapatriés. Le constat établi, le général à la retraite, Khaled Nezzar informé, sort de sa réserve et commet un témoignage poignant et vivant intitulé : “Sur le front égyptien, la 2e brigade portée algérienne, 1968-1969,” un livre qui sort aujourd'hui sur les étals chez les éditions Alpha Editions, filiale de Alpha Design. Révélant sur un ton serein que “les Egyptiens n'ont jamais mené de guerre dans leur histoire et que l'étape de cette guerre n'a jamais été une victoire”, M. Nezzar dira que “l'objectif n'a jamais été atteint même si un travail colossal a été fait pour la traversée de Suez. Pour la dignité arabe, cela a été un succès, mais sachez que cette étape historique est beaucoup plus un échec qu'un succès puisque juste après le passage, l'armée égyptienne s'est retrouvée dans le bourbier juif et encerclée de part et d'autre !” Le témoignage de Nezzar, qui coïncide par ailleurs avec les fâcheux évènements du Caire quand nos Fennecs avaient été attaqués et agressés, se veut une réponse directe aux insinuations, voire aux attaques directes des Egyptiens qui sont allés jusqu'à dénigrer notre glorieuse Révolution et brûler l'emblème national. “Les Egyptiens ont transformé un match de football en guerre parce qu'ils n'accepteront jamais un jour de perdre le leadership arabe et la mainmise sur la Ligue arabe. Mais pas au point de perdre le rationnel ! Nous avons connu durant cette guerre leurs soldats et leurs élites. Nous avons toujours eu un respect à leur manière de faire surtout lorsqu'il s'agit d'une guerre classique. Mais le fossé est tellement monstre entre les deux catégories à l'image du peuple composé de deux couches, l'une qui vit et qui tient les rênes au pouvoir, l'autre qui souffre. Il y avait des choses que je ne voulais pas dire, mais j'ai fini par les écrire. Je comprends tout, sauf cette attaque suicidaire contre une équipe de football !”, s'exclame encore l'auteur. “Les Egyptiens ne connaissent pas leur vraie histoire !” Celui-ci défiera les vivants d'apporter la preuve du contraire et argue n'avoir jamais reçu de démenti aux écrits qu'il avait publiés par le passé, que ce soit sur le 5 octobre 1988 ou autres mémoires. Nezzar bombarde encore : “la grande majorité des Egyptiens ne connaissent pas l'histoire, encore moins cet épisode. Alors comment voulez-vous qu'ils sachent que les Algériens ont combattu sur le sol l'ennemi israélien ? Je me rappelle quand les Israéliens ont commencé à utiliser l'artillerie lourde, l'un des officiers a immédiatement saisi le président Abdenacer pour l'informer que la flotte aérienne juive a été mise à contribution, alors qu'il ne s'agissait, en fait, que de tirs, ils ne faisaient même pas la différence entre les sifflements. C'est vous dire que sur le plan du commandement et des batailles inopinées, les Egyptiens sont très loin de nous. Ils ne jouissent d'aucune expérience. Je le répète, les Egyptiens n'ont jamais mené de guerre. Y compris contre l'Angleterre, ils n'avaient manifesté aucune résistance !”, explique encore l'ex-ministre de la Défense nationale. Interrogé si cette expérience était à refaire, M. Nezzar restera évasif et avouera que “s'il existe un objectif bien défini et qu'il y a un minimum de cohésion entre les Arabes, pourquoi pas ? Mais force est de constater que chacun tire la couverture de son côté”, avant de mettre en valeur l'inefficacité des actions isolées, l'impossibilité des projets et d'apporter des solutions aux problèmes interarabes, mais surtout la dévalorisation des réunions au Sommet des chefs d'Etat. Interpellant les consciences, l'auteur dira que son livre se veut une gifle contre “les amnésies volontaires mises au service de stratégies parfois non explicitées”. Le général en retraite justifiera son retrait de la vie politique et de se consacrer exclusivement à l'écriture de ses mémoires. “Je n'ai jamais été un politique. Ce sont les évènements de 1988 et de 1992 qui m'ont engagé dans la politique. Actuellement, j'ai décidé de ne plus interférer en politique et j'ai dit tout ce que je savais. Je n'ai rien à cacher !”, conclura-t-il.