«Oum eddounya» s'avilit et se rabaisse en dessous de la bassesse. L'Egypte a montré son vrai visage, sa vraie nature, sa traîtrise légendaire. Une poignée d'Algériens agressée au cœur du Caire au vu et au su des forces de sécurité qui ont laissé faire des Egyptiens déchaînés. Comme si ce guet-apens allait changer quelque chose à l'issue d'une rencontre de football, comme si cette autre traîtrise allait affecter le moral des Fennecs ou porter atteinte à leur volonté de vaincre. L'attaque du bus transportant l'équipe nationale et le staff technique s'apparente à un acte prémédité avec la complicité des autorités égyptiennes qui, toute honte bue, convoquent l'ambassadeur d'Algérie au Caire pour exiger la protection des ressortissants égyptiens en Algérie. Quand on est lâche et traître, on pense que tout le monde l'est. Les étrangers en Algérie, tous les étrangers, quelles que soit leur nationalité, sont protégés par le peuple et n'ont nullement besoin de protection officielle pour se sentir en sécurité, contrairement aux Algériens partis en Egypte livrés à eux-mêmes et ne comptant que sur leur courage pour se protéger et se défendre le cas échéant. L'Egypte officielle sait que l'issue de la rencontre d'aujourd'hui est déterminante pour son avenir politique. Le président de la Fédération égyptienne de football l'avait suggéré quand il avait appelé les supporteurs égyptiens à soutenir les Pharaons déchus, «par tous les moyens». Les mass médias égyptiens, du moins la majorité des journaux et des chaînes de télévision, ont décidé de mener une campagne de dénigrement, d'insulte et d'atteinte à la dignité des Algériens et de l'Algérie. Quelques journaux algériens ont réagi avec autant de véhémence mais la sagesse a primé et a été le credo de l'essentiel de la presse nationale. Mais rien n'arrête la machine de propagande égyptienne qui se permet d'attenter à l'honneur des Algériens, y compris à la sacralité de la guerre de libération nationale lorsque certaines personnalités égyptiennes se permettent de dire que l'Egypte a libéré l'Algérie. Les Algériens ne sont pas ingrats pour nier le soutien de Djamel Abdennasser à la lutte d'indépendance. Les Algériens ont fait mieux : ils se sont sacrifiés pour libérer le Sinaï, mais des témoins encore vivants des deux guerres de juin 1967 et d'octobre 1973, racontent la traîtrise des Egyptiens qui ont vendu les Algériens aux Israéliens avant que Anouar el Sadate ne se mette à plat ventre face à Menaham Begin. Les Egyptiens ont décidé, alors, que la rencontre de demain n'est pas une compétition sportive, mais une confrontation politique avec un pays qui leur a souvent damé le pion et qui refuse la tutelle d'un pays qui ne cesse de faire des concessions à Israël au détriment de l'intérêt arabe et, notamment, de la cause palestinienne. Moubarek veut vaincre l'Algérie politiquement sur le terrain du sport pour ouvrir une voie royale à son fils et faire de «Oum eddounya» une république monarchique. On aurait aimé que le sport ne dépasse pas les limites de l'acceptable et qu'on laisse le meilleur gagner. Mais les officiels égyptiens, en maîtres de la manipulation et de l'instrumentalisation, ont ouvert la voie à une confrontation entre les peuples pour se pérenniser au pouvoir. A ce titre, M. Djiar aurait mieux fait de se taire que de déclarer qu'il s'agit d'un acte isolé. Face à ce qui s'est passé, seule une condamnation ferme et sans ambiguïté est de mise comme l'a fait le ministre des Affaires étrangères. Les hautes autorités du pays, ont, désormais, la responsabilité de tout faire et de tout exiger de la partie égyptienne pour la protection des Algériens partis en Egypte. Les risques de dérapage sont aujourd'hui immenses et les autorités égyptiennes ainsi que les médias égyptiens sont responsables de tout ce qui risque de se produire aussi bien dans le stade qu'ailleurs dans toute l'Egypte. A. G.