Aujourd'hui, les travailleurs se rendent, malheureusement, compte que bon nombre de fondements et autres préceptes du syndicalisme pur que Benhamouda a légué “s'enterre” encore davantage à chaque conflit social. Le 28 janvier 1997, un lion, Abdelhak Benhamouda quittait, sous les balles assassines de la subversion islamiste incarnée à l'époque, entre autres, par le sinistre Fida, définitivement le siège de l'UGTA à la place du Premier mai pour rejoindre la longue liste des martyrs que le pays ne cesse d'offrir depuis 1830 pour la libération du peuple algérien et la fondation de son Etat-nation. Aujourd'hui, 13 ans après, la maison UGTA à Constantine, dont la structure est intimement liée à cet icône, agonise sous le poids des luttes intestines que se livrent entre eux ceux censés défendre la mémoire de ce martyr, celle d'Aïssat Idir avant lui et héritage républicain et patriotique du mouvement syndical algérien. La rente a fini par vider l'UGTA de son humus même. Hier, dans un communiqué parvenu à notre bureau régional, l'union de wilaya de Constantine, dans un sursaut du dernier quart d'heure, a appelé les ugéteistes de la capitale est du pays à se réunir autour d'un congrès de wilaya de salut pour essayer de mettre en sourdine ces divergences qui paralysent l'organisation et ressouder les rangs syndicalistes afin de se consacrer à l'essentiel, la défense des droits sociaux professionnels du travailleur algérien, pour reprendre les termes de la missive. Abdelhak Benhamouda est évoqué pour donner à l'UGTA, ici à Constantine, la ville réputée être un bastion des luttes des cols bleus, un zeste de crédibilité au moment où le syndicat historique est en perte de vitesse, pour ne pas dire de plumes, face à une montée en puissance des syndicats autonomes. En effet, en plus des choix stratégiques de la centrale à l'échelle nationale, à l'intérieur du pays, une grande partie des structures de l'UGTA est dirigée carrément par des retraités. D'autres unions ne sont que des démembrements extérieurs de certains partis politiques alors que les effectifs ne sont mobilisés que la veille d'élections politiques pour en faire de simples comités de soutien à tel ou tel autre candidat. Dans une wilaya comme Skikda, l'UGTA est allée même jusqu'à financer les campagnes électorales de certains candidats indépendants, comme ce fut le cas à Collo. Aujourd'hui, l'UGTA à Constantine et Skikda paie, au prix d'une véritable éclipse du paysage syndical, ce que des ugéteistes en rupture de banc qualifient de privatisation de l'héritage des Aïssat et Benhamouda, pour ne citer que ces deux héros.