Ce qui se passe présentement en Angola, grâce aux joutes sportives africaines, n'est pas sans rappeler à mon bon souvenir de cinéphile le scénario de la 25e édition du Festival panafricain du cinéma d'Ouagadougou (Fespaco). Les cinéastes présents, du 21 au 24 février 1994, y avaient rendu, en effet, un hommage appuyé aux festivals de Carthage et d'Ouagadougou. Le rôle historique et décisif joué par ces manifestations dans la connaissance et la promotion du cinéma africain, le renforcement des liens de solidarité entre les peuples d'Afrique et l'affirmation de la cinématographie de la région face à celles du Nord, y avaient été particulièrement mis en relief. Tout en les exhortant à demeurer des lieux de communication entre les peuples et les créateurs du continent, les cinéastes présents dans la capitale du Burkina Faso avaient recommandé aux dirigeants africains d'œuvrer toujours plus pour garantir les intérêts matériels et moraux de ces deux festivals pour qu'ils continuent à répondre avec performance à leur vocation. Il était temps, car de nombreux cinéastes africains commençaient à faire preuve de moins d'indulgence à l'endroit des festivals soupçonnés de faire plus leur promotion que celle des films du continent à un moment où la beauté et l'intelligence maintes fois proclamées et réitérées des œuvres cinématographiques donnaient l'impression d'être sérieusement compromises. Les raisons invoquées, çà et là, étaient intimement liées à la mauvaise fortune subie par les cinémas africains lors de l'édition 92 du Festival international de Cannes. La réponse à la question de savoir si ce revers était le fruit empoisonné d'une fatalité ou simplement la conséquence inattendue d'un simple incident de parcours ne se fera pas attendre. Comme me le faisait fort bien remarquer le producteur de films tunisien Ahmed Baha Eddine Atia à l'occasion du Festival du cinéma de Khoribga (Maroc), la voie est encore longue : “Nous avons du chemin à faire ensemble, sinon à l'unisson, du moins en harmonie car nos intérêts, tout comme nos visions intellectuelles et esthétiques, nous rassemblent, et il ne nous est pas permis de faillir à ce devoir de solidarité. Notre ultime chance pour combler notre retard est de nous réinscrire, actifs et créatifs, dans la dynamique d'un monde où nous avons encore une place à briguer, un rôle à jouer et des espaces à conquérir.” Un jalon de plus, l'édition angolaise de la CAN 2010 l'est assurément. Elle n'est pas sans refléter l'état d'esprit de nos cinéastes. Conformément aux vœux de ses organisateurs, cette manifestation sert merveilleusement bien de tremplin tant aux équipes nationales du continent qu'aux responsables de la CAN qui ont su relever le défi face aux menaces ayant pesé lourdement sur la tenue de cette emblématique fête du football africain. Contre vents et marées, les joutes sportives africaines sont là, fidèles au poste, pour témoigner de la vitalité du sport continental. En consacrant jusque-là le beau jeu, la CAN 2010 aura donc fait quelque peu la part belle au professionnalisme et réconcilié surtout les inconditionnels de cette manifestation tant les confrontations de la région nous ont habitués à des palmarès dictés par une alchimie de considérations politiques et/ou extra $sportives.