De toutes les productions (plus d'une soixantaine) cinématographiques lancées en 2007 à la faveur de "Alger, capitale de la culture arabe", deux films seulement sortent du lot : "Mascarades " de Lyes Salem et " La maison jaune " de Amor Hakkar. Le premier long-métrage tout autant que le second ont glané là où ils passaient des trophées, en plus du fait qu'ils soient systématiquement sélectionnés dans les rendez-vous internationaux.Les deux œuvres partiront justement au légendaire Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) qui fêtera cette année du 28 février au 7 mars prochain, ses 40 ans d'existence. "Cinéma africain, tourisme et patrimoine culturel ", sera le thème de cette 21e édition dénommée aussi " FESPACO Vision 21". La chaise algérienne ne sera donc pas vide lors du plus grand rendez-vous cinématographique du continent noir, qui selon les organisateurs fera cette année sa véritable mue dans le sens ou le " Fespaco Vision 21" sera plus qu'un festival mais un " programme d'action traduisant la volonté d'apporter de petites révolutions qui, certainement, baliseront l'action du FESPACO de son temps, un FESPACO du XXIe siècle " notent les organisateurs qui se montrent cette année très sélectifs du fait que pour le pari de la qualité, ils envisagent la réduction du nombre de films en compétition (14-18 films) et le nombre de personnes qui participeront à l'organisation. Les badges ne donneront plus automatiquement droit aux salles obscures.L'Algérie est une grande habituée de cette rencontre qui dépasse largement par son histoire et son caractère continental le festival de Marrakech ou encore celui de Carthage lors duquel, Lyes Salem a raflé le prix spécial du jury pour son " Mascarades. "Très bien accueillis en Algérie comme ailleurs, les deux films algériens qui seront en compétition, cassent avec le courant révolutionnaire et l'urgence du terrorisme comme priorité des thèmes, qui avaient prévalu d'abord dans les années 70/80, ensuite dans les années 90/2000. Les deux réalisateurs Lyes Salem et Amor Hakkar qui ont deux visions différentes du 7ème art, le premier à travers son film s'est voulu résolument populaire, alors que le second a tenté de donner une solution très forte à une âme en peine suite à la perte d'un enfant( peindre la maison en jaune). Résolument poétique, "La maison jaune " contrairement à " Mascarades " qui prend cas des situations burlesques qui prêtent parfois à rire parfois à réfléchir, est un condensé de sensations fortes. "La maison jaune" est un petit poème sincère qui touche et qui donne en même temps un soupçon d'espoir à tout les êtres qui souffrent. L'Algérie qui se prépare à célébrer en juillet prochain le deuxième festival panafricain, reviendra certainement du Fespaco avec de nouvelles idées, d'autant que la "Fespaco Vision 21" se veut cette année révolutionnaire. Selon le délégué général, Michel Ouédraogo, les organisateurs rêvent " d'un FESPACO autonome, africain, panafricain et international. Le 40e anniversaire du FESPACO sera, à l'en croire, un cadre qui servira de plate-forme expérimentale pour " Vision 21 ", et le FESPACO de demain plus présent, plus visible et plus rayonnant. La nouvelle vision veut faire du FESPACO une institution et un événement.Pour contribuer à la promotion et à la vulgarisation du cinéma africain, d'autres types de manifestations cinématographiques sont prévus. Ce sont "Les 72 heures de la femme cinéaste ", "Les 72 heures du cinéma citoyen, des libertés et des droits humains ", "Les 72 heures du cinéma pour enfant ", "Les 48 heures du cinéma africain ", le mini-FESPACO de Bobo-Dioulasso... Pour que l'événement s'autofinance, une exploitation rationnelle sera faite du sponsoring du festival. A ce titre, les partenaires doivent consentir des sacrifices pour que leurs contributions traduisent leur volonté de pérenniser la biennale. Vision 21 est une véritable ambition pour conduire "le navire battant pavillon FESPACO avec dignité dans le firmament des grands festivals de ce monde ". Pour Michel Ouédraogo, la vision n'est pas un chapelet de bonnes intentions, mais des propositions innovantes, voire révolutionnaires, qui peuvent changer le visage du FESPACO et lui rendre toute sa flamme émancipatrice, son dynamisme militant, sa destinée panafricaine et universelle. Concernant le jury, la sélection sera très poussée pour avoir des membres qui verront leur mission comme un sacerdoce. " Les professionnels doivent nous aider à professionnaliser le festival et non le ghettoïser ", a souligné le délégué général, qui souhaite que toute l'Afrique s'y mette, car il n'y a pas mieux que les Africains pour promouvoir leur patrimoine culturel. Rebouh H.