M.Ouedraogo Pipa, délégué général du Fespaco, a rappelé aux présents que ce festival est parti d'Alger, suite à une charte de laquelle est née la Fédération des cinéastes africains. Coïncidant avec la venue des ministres africains de la Culture et leur seconde rencontre qui se tiendra les 22 et 23 octobre prochains, à Alger (hôtel Hilton) et en prévision, parallèlement au Festival panafricain dont la seconde édition se tiendra en juillet 2009 à Alger, le ministère de la Culture, en collaboration avec la flimothèque Mohamed-Zinet, organise depuis samedi et jusqu'au 22 octobre, un hommage au Fespaco, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Pour ce faire, une rétrospective de 11 films africains ayant reçu le titre suprême de l'Etalon d'or de Yennenga, depuis l'installation de ce festival en 1969 sera montrée tout au long de cette semaine. L'ouverture de cette dernière a été marquée par la présence, samedi, de M.Ouedraogo Pipa, délégué général du Fespaco et de nombreuses personnalités africaines dont le ministre de l'Afrique du Sud et d'autres représentants notamment, du Ghana, du Cameroun et de la Namibie. A cette manifestation succèdera la semaine du film sud-africain avec une dizaine de films au compteur. Dans son allocution de bienvenue, le délégué général du Fespaco a rappelé que ce festival qui sera à sa 21e édition(du 28 février au 7 mars) est parti d' Alger, suite à une charte de laquelle est née la Fédération des cinéastes africains. «C'est normal donc que cet hommage parte d'Alger. Ma passion pour ce cinéma, je me souviens, a été impulsée grâce à deux messieurs, Boujemaâ Karèche, l'ancien directeur de la Cinémathèque algérienne et René Vautier, qui a tant donné pour la conservation de la mémoire» et d'annoncer, solennel: «Pour la 2e édition du Festival panafricain, le Fespaco sera présent avec vous pour enrichir cette fête, y compris avec le Salon du livre africain. On vous donne aussi rendez-vous pour les 40 ans du Fespaco à Ouagdougou.» De son côté, le journaliste et critique français du cinéma africain, Michel Amarger, qui n'est plus à sa première venue en Algérie, donnera un aperçu du film programmé pour cette occasion. Il s'agit de Muna Motot du Cameroun(1975). Un film de Jean-Pierre Dikongué Pipa ayant reçu en 1976 le Grand prix du Fespaco. «Le film a été marquant à sa sortie. A la fois exigeant et nécessaire, il interpelle le pouvoir des aînés. C'est un film dur. Son réalisateur qui est, avant tout, un homme de théâtre, garde dans ce film un goût marqué pour la scène et la dramaturgie. Ses héros sont en rupture contre une société et son organisation, contre un homme censé être le garant de la morale. Sorti en 1975, le film portait un regard transgresseur sur la population de l'époque. C'est un film précurseur qui nous touche encore aujourd'hui.» Réalisé en noir et blanc, avec peu de dialogues, ce long métrage met, en effet, en scène, l'histoire d'un couple qui n'arrive pas à se marier tant que la dot de la mariée n'est pas donnée. Le garçon n'ayant pas les moyens, va voir son oncle qui a déja quatre épouses et pas d'enfant. Ce dernier voit la future épouse de son neveu et tombe ainsi sous son charme. Il part demander sa main à son père contre une poignée d'argent. Elle est pour lui l'espoir ultime d'avoir un descendant. A la vue de l'argent, le père accepte et la fille est rouée de coups pour avoir désobéi à cette alliance... La suite est déchirement et errance jusqu'au kidnapping du fils par le jeune amoureux. Un film poignant, en effet, qui dénonce ces traditions séculaires souvent oppressives, surtout l'asservissement de la femme qui, ici, est traitée comme un esclave au service de l'homme. D'autres films des plus intéressants figurent au programme et sont projetés chaque jour à la filmothèque Mohamed-Zinet, à raison de deux séances par jour (15 et 18h). A ne pas manquer.