Depuis que l'équipe nationale occupe le devant de la scène par sa participation aux éliminatoires jumelées de la CAN et du mondial-2010, et cette phase finale de la coupe d'Afrique, on ne parle plus de la formation et du professionnalisme, pourtant jugés prioritaires par l'actuelle direction de la FAF à sa prise de fonction, il y a un an environ. Dans sa déclaration au salon d'honneur de l'aéroport, à l'arrivée de la délégation algérienne en provenance de Luanda, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé que le moment était venu pour que le gouvernement accompagne par les moyens nécessaires cette réussite de l'équipe nationale, pour de meilleurs résultats de cette discipline ainsi que des autres sports. Il est, en effet, réellement temps de prendre les choses en main, car les Algériens, qui ont les yeux braqués sur l'équipe nationale semblent oublier que cette sélection est en grande majorité composée de joueurs formés en France, et que les gestionnaires de notre football – FAF, ligues et présidents de club – n'ont aucun mérite dans sa réussite. Il faut cependant rendre hommage à Raouraoua d'avoir contribué à la constitution de cette équipe, qui est le fruit, faut-il le signaler, de ses initiatives auprès de la Fifa, lesquelles ont permis à l'Algérie de récupérer certains joueurs ayant évolué dans les sélections de jeunes françaises, en limitant d'abord l'âge rendant possible le changement de sélection nationale avant de supprimer définitivement cet obstacle. Les Algériens sont heureux d'avoir une équipe nationale en mesure de leur procurer de la joie, mais ils auraient certainement aimé que la composante, du moins la majorité, émane du championnat national. Malheureusement en l'absence de la formation et du professionnalisme, qu'on ne cesse de promettre, l'entraîneur national est obligé d'aller regarder outre-mer pour trouver des joueurs à même de renforcer son onze. Il est loin le temps où l'entraîneur national avait sous coupe au moins 80% de l'équipe formée en Algérie. Le professionnalisme, c'est pour quand ? Mohamed Aziz Derouaz, du temps où il était ministre de la jeunesse et des sports (1997), avait fait élaborer par ses services le cahier des charges pour le passage des clubs de football au professionnalisme. Treize années plus tard, le professionnalisme n'est toujours pas là. Le pourquoi de tout ce retard ne peut s'expliquer que par le manque de volonté des responsables de notre sport roi, en particulier les gestionnaires des clubs, de voir ce système mis en œuvre. La raison est toute simple, l'entrée en vigueur du professionnalisme empêchera toute magouille, car les règles de gestion sont très claires, notamment la comptabilité, qui révélera toute irrégularité et trafic. À partir de là, on s'arrange pour retarder le plus possible l'application du professionnalisme pour pouvoir continuer à gérer dans l'opacité et bien sûr profiter personnellement de la situation. Sans accuser personne, il est clair que nombreux sont les présidents de club à gérer comme des épiciers. Jusque-là, il a été impossible d'imposer le professionnalisme même avec la promulgation en 2005 du décret fixant les règles en la matière par le professeur Yahia Guiddoum durant son passage à la tête du ministère de la jeunesse et des sports. Le moment est venu pour que les pouvoirs publics se décident enfin à faire appliquer le professionnalisme, unique moyen de faire sortir notre football du marasme dans lequel il est plongé. La formation, le talon d'Achille de notre football L'Algérie n'est pas le seul pays, dont la sélection nationale est composée en majorité de joueurs évoluant dans les championnats européens, mais pratiquement l'un des rares dont la composante est formée en grande partie à l'étranger, en France précisément. Contrairement à nous, Nigeria, Côte-d'Ivoire ou Ghana puisent dans leurs professionnels évoluant en Europe, qui ont été formés chez eux avant de poursuivre leur carrière sous d'autres cieux. Ceci dit, c'est bien que nous puissions tirer profiter de cette manne providentielle, parce que ces joueurs sont algériens. en revanche, il est regrettable que nos équipes locales ne produisent plus de footballeurs à même de les concurrencer. Encore une fois, on revient aux responsables de club et de la fédération, qui ne font rien pour accorder l'importance voulue à la formation, qui demeure l'unique solution d'alimenter leurs clubs en joueurs de qualité au lieu d'être à guetter l'émergence de talents ailleurs pour les ramener chez soi et en tirer profit. Plus grave encore, ils emboîtent le pas à l'équipe nationale en allant recruter des émigrés au chômage en France pour répondre à la demande de leurs entraîneurs. Ils sont de plus en plus nombreux à le faire. En effet, au lieu de recourir à la formation, ils optent pour les solutions de facilité. On reviendra encore à Yahia Guiddoum, qui avait proposé aux présidents de club des parcelles de terrains pour lancer leur centre de formation, sans que ne nul ne s'empresse de sauter sur l'occasion. L'offre a été renouvelée récemment par Hachemi Djiar en vain. C'est dire que la formation est un créneau qui n'intéresse personne, du moins pas les dirigeants de club, exception faite de ceux du Paradou AC, qui ont donné l'exemple à travers leur académie. Mais, cette réussite n'a malheureusement pas fait d'émules jusqu'à maintenant, confirmant l'absence de volonté pour s'engager dans cette voie, qui vaudra certainement de grandes satisfactions aux clubs et aux différentes sélections nationales. La nécessaire implication de l'Etat Devant cette situation, pour le moins regrettable, il semble indispensable que les pouvoirs publics usent de leurs prérogatives pour imposer le professionnalisme et la formation au sein des clubs de l'élite, pour donner un souffle nouveau à notre sport roi, qui ne peut pas se permettre de continuer à puiser dans les championnats étrangers pour présenter au monde une équipe nationale compétitive. Le gouvernement ne doit plus laisser faire, car il y va de l'avenir de notre football, lequel ne sera radieux que si l'on se retrousse sérieusement les manches. Il faut obliger les clubs à ouvrir leur académie de formation sous peine de sanctions, comme c'est le cas maintenant pour l'utilisation en senior par les clubs dans la compétition de joueurs nés après 1989. Toute équipe n'ayant pas fait jouer des jeunes pendant une durée bien déterminée a été empêchée de recruter au mercato d'hiver. C'est le moment ou jamais d'insuffler un sang nouveau à notre football à travers l'instauration du professionnalisme dans les plus brefs délais, ainsi que par le retour à la formation, qui nous a donné les inoubliables Madjer, Belloumi, Assad et autres Fergani.