“Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.” On ignore si Moussa Touati, président du FNA, est un adepte de la célèbre réplique d'Hamlet du non moins célèbre dramaturge de la perfide Albion, William Shakespeare, mais cette formule semble coller parfaitement à la situation actuelle du pays si l'on se hasarde à une lecture de sa réponse par rapport à la cascade de scandales qui éclaboussent la sphère économico-politique du pays. “Elles témoignent d'une lutte au sommet. On peut dire que ce sont des règlements de compte”, a indiqué hier à Alger lors d'une conférence de presse l'ancien candidat à la présidentielle en réponse à une question de Liberté pour savoir si la série de scandales qui alimente à longueur de colonne certains journaux ne procède pas d'une guerre dans le sérail. Moussa Touati, dont le parti avait fait une percée lors des législatives avant de subir une douche écossaise aux sénatoriales, a assimilé à une “partie de jeu d'échecs” ce qu'il considère “comme une lutte au sommet de l'Etat”. “L'enjeu est qui va dominer l'autre”, a t-il dit. En guise de solution, il préconise l'institution de tribunaux spéciaux pour juger les affaires de corruption : “On demande des tribunaux spéciaux pour juger le terrorisme économique, la corruption et la dilapidation.” Selon lui, les procureurs généraux doivent jouir d'un pouvoir autonome pour déclencher à leur guise les enquêtes. “Il faut que le procureur général puisse agir et faire des enquêtes sans passer par qui ce soit”, comme pour suggérer que la justice est loin de jouir de l'indépendance requise en pareille situation. “Mais à côté des tribunaux spéciaux, il faut des lois draconiennes”, a-t-il précisé non sans demander où est le mécanisme ad hoc (chargé de lutter contre la corruption) annoncé par le président de la République, lors de son discours d'ouverture de l'année judiciaire en octobre dernier. “Mais qui est responsable de cette situation ?” interroge un confrère. Moussa Touati préfère l'esquive. “C'est nous qui sommes responsables. Si on s'unit autour de revendications communes, les responsables seront contraints de changer de politique.” Sur le refus du ministre de l'Energie de “démissionner”, selon une déclaration faite la veille à la presse en marge de la clôture de la session d'automne de l'APN, Moussa Touati a eu une réplique assassine. “On a une différence de conception entre nous et le ministre. Si lui n'a que la brosse à dents en Algérie, nous, nous avons nos racines et nos âmes !” a-t-il ironisé. Chakib Khelil est accusé par de nombreux politiques de disposer de la nationalité américaine. Une accusation jamais démentie à ce jour. Sur un autre registre, Moussa Touati s'interroge sur l'absence de réaction officielle à l'incendie du drapeau algérien par les Egyptiens. “On ne comprend pas. Ils ne peuvent même pas rompre les contrats des sociétés égyptiennes.” “Il y a une conjonction d'intérêts entre des personnes dans les deux régimes”, soutient-il avant de contenir sa colère : “Je ne peux aller plus que ça !” Evoquant la dernière déculottée subie par son parti lors des sénatoriales, l'ancien candidat à la présidentielle a admis que “l'argent sale” est à l'origine de l'échec, en ce sens que beaucoup de ces élus ont été soudoyés. Une enquête interne est d'ailleurs ouverte au sein du parti pour déterminer les responsables de la déconfiture. Enfin, à la question de savoir s'il est disposé à retirer ses élus de l'Assemblée, une institution qu'il n'a pas cessé de brocarder depuis le début de la conférence, le président du FNA a estimé que “ce serait une gifle” pour le parti. “Si l'on retire nos élus, est-ce que l'Assemblée va s'écrouler ? On doit garder un œil là-bas”, a-t-il dit.