Une roquette tombée sur un véhicule rempli d'explosifs a provoqué la mort de onze personnes et blessé cinquante-sept autres, devant la représentation diplomatique du royaume hachémite dans la capitale irakienne, dont le mur d'enceinte a été soufflé par la déflagration. L'immeuble abritant l'ambassade fut par la suite pillé par la population, qui a brûlé les portraits du roi Abdallah II. Bagdad a été secouée jeudi dernier par une puissante déflagration. La question qui s'impose est de savoir si l'ambassade jordanienne, touchée de plein fouet, était la cible de l'attaque menée par la guérilla irakienne. L'attentat a, en plus des pertes humaines, causé d'importants dégâts matériels. Quatre voitures ont été totalement désintégrées. Qu'est-ce qui peut bien justifier le pillage auquel se sont livrés les habitants du quartier, qui ont tout saccagé à l'intérieur de l'édifice. La foule, en colère, s'est introduite dans l'ambassade, arrachant l'emblème jordanien qui a été piétiné par des dizaines d'Irakiens, lesquels n'arrêtaient pas d'insulter le régime de ce pays voisin. Ils ont également brûlé les portraits officiels du roi Abdallah II. Les officiels jordaniens ont condamné fermement l'attentat, qualifié d'"acte criminel" et d'"opération terroriste lâche", sans cependant designer une quelconque partie. L'action n'a pas été revendiquée. Les Américains n'ont pas hésité à désigner du doigt le mouvement extrémiste religieux irakien, Ansar Al Islam, soupçonné d'avoir des liens avec la nébuleuse Al Qaïda. La possibilité d'erreur n'est pas exclue par les observateurs de la crise irakienne. Cela étant, l'armée américaine a perdu cinq soldats, dont deux hors combats. Au cours d'une attaque à l'arme légère, mercredi dernier au soir (23h), dans le quartier Al Rashid de la capitale irakienne, deux militaires américains ont été tués et un troisième blessé. Deux autres soldats sont morts dans des circonstances non liées aux attaques antiaméricaines. Le troisième, touché jeudi lors de tirs à Bagdad, a succombé hier à ses blessures. Selon les communiqués du commandement américain, le premier a succombé à un malaise alors qu'il était de service et le second n'a pas survécu à une chute du toit d'une construction. Ces décès portent à 104, dont 56 au combat, le nombre de militaires tués en Irak depuis la fin des combats, décrétée par le président des Etats-Unis, le 1er Mai dernier. Les forces américaines accentuent leurs raids dans la région de Bagdad et le nord du pays pour tenter de circonscrire la guérilla irakienne, dont les coups de boutoir sont devenus très fréquents. Face à ce harcèlement systématique, les soldats américains perdent leur self-control et commettent des bévues monumentales. Hier, six Irakiens, dont un enfant, ont été tués au marché de Bagdad par les militaires américains, qui n'ont pas hésité à ouvrir le feu sur cinq hommes qui vendaient des armes, à en croire le communiqué du commandement central US. La situation s'enlise de jour en jour et l'on se dirige tout droit vers un pourrissement. K. A.