Diagnostic n «Le pays connaît une transition épidémiologique, soit un passage des maladies transmissibles aux maladies non transmissibles qualifiées de lourdes tels le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète et les maladies respiratoires chroniques.» C'est ce qu'a précisé le professeur Mohand Saïd Issaâd, chef du service cardiologie au Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Beni Messous (Alger) en marge du 9e Congrès maghrébin des cardiologues. Selon lui, le taux de mortalité dû aux maladies cardiovasculaires a atteint 46,2 % en Algérie tout en ajoutant que «les maladies cardiovasculaires arrivent en tête des maladies non transmissibles». Le spécialiste a cité trois principales études, la première «Steppe» réalisée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière de concert avec l'Organisation mondiale de la santé (OMT), la deuxième «Tahina» en collaboration avec l'Union européenne et la troisième élaborée en coordination avec l'Institut national de la santé publique (Insp) et les services des urgences médico-chirurgicales. Ces trois études ont prouvé que le taux des maladies cardiovasculaires ne cesse d'augmenter au sein de la société algérienne. Parmi les facteurs de risques, le professeur a cité notamment le tabagisme, l'hypertension artérielle, le cholestérol, le diabète et l'obésité. Selon les études «Tahina» et «Steppe», les facteurs de risques ont atteint un taux de 28 % chez les hypertendus et 7 % chez les diabétiques et la mauvaise hygiène d'alimentation qui est à l'origine de l'augmentation du taux de cholestérol chez la moitié de la population. Le professeur Issaâd a précisé que «les femmes, les habitants du Sud et les personnes âgées sont les populations les plus exposées à ces maladies». «Le programme arrêté dans ce cadre par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, jusqu'en 2009, permettra d'améliorer et de rendre le traitement de cette maladie disponible», a affirmé le cardiologue. Le professeur a, toutefois, déploré «l'absence d'études et de nomenclatures nationales sur les maladies cardiaques», précisant que «les plateaux techniques et l'angioplastie ne sont disponibles que dans trois centres urbains seulement (Alger, Oran et Annaba)». Afin de lutter contre cette maladie lourde, le professeur Issaâd a préconisé de «mettre l'accent sur la prévention à l'instar des pays développés tels que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis qui ont pu réduire de 50% la prévalence de ces maladies à travers des mesures limitant la consommation du tabac». Le cardiologue a estimé que la lutte contre les facteurs de risque des maladies cardiaques, notamment chez les jeunes est la meilleure prévention. Le coût de la prise en charge d'un malade cardiaque est estimé à 2 000 euros . Après les allergies qui, selon les allergologues, touchent 25 % de la population, voici donc un nouveau malaise plus grave, les maladies cardiovasculaires qui menacent la vie des Algériens dont le «cœur» est déjà plus «vulnérable» vu leurs problèmes du quotidien.