Sur les lieux du sinistre, il était impossible de se hasarder au milieu de la boue ayant envahi les différents hangars où sont placées les installations mécaniques et électroniques. Les dernières inondations qu'a connues la localité d'El-Amria, dans la wilaya de Aïn Témouchent, située sur l'axe routier Oran-Aïn Témouchent, ont occasionné d'énormes dégâts où l'on a enregistré plusieurs familles sinistrées ainsi que la disparition d'un septuagénaire dont le véhicule a été emporté par les crues. Cependant, le plus gros des dégâts a eu lieu à l'intérieur de la tannerie Tafna qui existe depuis 1958 et qui emploie quelque 120 travailleurs. Cette usine de transformation et de traitement de peau brute, dont la capacité annuelle dépasse les 2 000 tonnes, a été complètement inondée subissant ainsi de grosses pertes. Ce qui a provoqué sa fermeture. Si la marchandise qui a été détruite en totalité a été estimée à 86 millions de dinars, l'estimation de la chaîne de transformation, par contre, composée d'une série d'équipements lourds, que les responsables tenteront de faire fonctionner, se chiffre à des milliards. Selon Abdelkader Amouri, P-DG de la tannerie Tafna : ‘‘Il faudra beaucoup de temps pour mesurer les dégâts des machines mais aussi et surtout la reconstitution des stocks.'' Sur les lieux du sinistre, il était impossible de se hasarder au milieu de la boue ayant envahi les différents hangars où sont placées les installations mécaniques et électroniques. Même les bureaux qui abritent les services de l'administration n'ont pas échappé à la déferlante des crues où les équipements informatiques ainsi que des tas de dossiers ont été totalement détruits. “Heureusement que ces inondations se sont déroulées pendant la nuit et où des vies humaines ont été épargnées, sinon cela aurait été une véritable catastrophe”, nous fera savoir l'un des ouvriers qui nous a montré la trace du niveau des eaux laissée sur les murs. Du côté des responsables comme de celui des travailleurs, on songe déjà à l'avenir de ces nombreuses familles qui subsistaient de père en fils grâce à cette tannerie qui fait partie désormais du patrimoine socioculturel et économique de la ville d'El-Amria. L'inquiétude est à son paroxysme chez les 120 travailleurs dont l'avenir demeure incertain. Car le chômage technique est inévitable mais pour combien de temps ? M. Amour nous fera savoir qu'en raison des travaux de nettoiement, la direction a décidé de garder les travailleurs. “Après, nous serons obligés de les libérer”, précisera notre interlocuteur. Et d'enchaîner : “Juste après l'opération de nettoyage, nous allons procéder à une première vérification qui va durer un mois ou plus alors que la mise en route durera deux ou trois mois.” D'où cet appel pressant d'un groupe de travailleurs, soutenu par leur direction, aux pouvoirs publics dans l'espoir de leur venir en aide à travers un élan de solidarité. “Nous demandons aux autorités de déclarer l'usine sinistrée en raison de l'ampleur des dégâts qui viennent de pénaliser des dizaines de familles. À ce titre, nous sollicitons une prise en charge ou des emplois temporaires dans le cadre des différents dispositifs d'insertion des jeunes en attendant l'ouverture de l'usine dans la mesure où 60% de l'effectif est composé de jeunes”, soutiendra un ouvrier. Il faut dire que jamais l'usine n'a connu une telle situation aux conséquences fâcheuses. Pourtant, la ville d'El-Amria a connu plusieurs intempéries mais sans des dégâts d'une telle ampleur. Alors, il fallait donc chercher les raisons. Celles-ci sont partagées mais toutes convergent vers l'obstruction des réseaux d'assainissement ou l'absence d'un pont au niveau de la tannerie que traverse la RN dédoublée et ce, à même de permettre aux crues qui déferlent de l'oued Sidi-Baroudi d'échouer vers la grande Sebkha.