Les habitants du quartier résidentiel des frères Ben M'hidi au cœur de Saint-Jean ont bloqué, dans l'après-midi d'hier, l'axe routier menant à l'artère principale du boulevard Belouizdad. Depuis deux ans, leur colère aura atteint l'exacerbation en raison de l'implantation autorisée d'un débit de boissons alcoolisées qui aura altéré largement la quiétude et la sécurité du quartier. Mais l'incident de jeudi dernier les fera sortir de leurs gonds et mettre le feu aux poudres. Deux clients ivres, stationnés devant le bar, se sont pris à un agent de la voirie, chargé du ramassage des ordures en l'agressant violemment et en l'aspergeant d'alcool. Une humiliation que les riverains n'ont pu tolérée, d'autant que les habitués de ce débit affichent des comportements pour le moins inciviques. Selon les témoignages recueillis sur place, la clause de fermeture qui serait fixée à 20 heures n'était pas observée par le propriétaire. “C'est jusqu'au petit matin que le ballet du va-et-vient cesserait”, affirment à l'unanimité la soixantaine de personnes regroupées devant des barricades de fortune faites essentiellement de pierres et de bout de bois. Le courroux des riverains va en croissant : le quartier s'est transformé progressivement en un théâtre de rixes, de bagarres et de lieu de débauche... “Même les mineurs y seraient servis”. Selon leurs dires, certains clients prennent leurs consommations à l'extérieur du bar, en tenant des propos obscènes à la limite de la provocation. “Il nous est impossible, le soir, de se réunir entre membres d'une même famille”, laissera-t-on entendre avec indignation. Et de rappeler que l'incident de jeudi risque de se répéter et d'avoir des conséquences fâcheuses. Ils menacent d'incendier le débit de boisson et exigent l'intervention du wali dans cette affaire puisque les différentes autorités publiques, bien qu'ayant été saisies, “n'avaient pas réagit, y compris le commissariat du quartier”. N. D.