Après les Etats-Unis, c'est au tour du comité des droits de l'Homme de l'ONU de demander la suspension de l'opération d'édification du mur de sécurité par l'Etat hébreu. Devant cette levée de boucliers, Sharon préconise d'apporter des alternatives au tracé des prochains tronçons pour “minimiser autant que possible les dommages infligés par sa construction aux Palestiniens”. Il n'envisage cependant pas de stopper l'édification. Les contacts israélo-palestiniens dans le cadre des négociations de paix sont au point mort depuis la visite d'Ariel Sharon à Washington le 29 juillet dernier, au cours de laquelle il avait refusé, en dépit de la pression exercée sur lui par George Bush, de suspendre la construction de la “clôture de sécurité”, qui séparera Israël de la Cisjordanie. Face à l'intransigeance israélienne, les Etats-Unis ont, à deux reprises, par la voix de Colin Powell, fait part de leur mécontentement et ont même brandi la menace de sanctions financières contre Tel-Aviv pour tenter de dissuader le leader du Likoud d'aller au terme de son entreprise. Vendredi, ce fut au tour du comité des droits de l'Homme des Nations unies de demander à Israël de cesser la construction de la ligne de sécurité parce qu'elle “impose aux Palestiniens des restrictions supplémentaires dont la sévérité est injustifiable”. “Tout en reconnaissant la gravité des préoccupations d'Israël en matière de sécurité, le comité s'inquiète de ce que l'établissement de la zone de contact au moyen d'une barrière et, sur une partie, d'un mur, impose des restrictions supplémentaires, dont la sévérité est injustifiable, à la liberté de circulation, en particulier daes Palestiniens, à l'intérieur des territoires occupés”, lit-on dans le document du comité onusien. Il est également expliqué que le mur de sécurité empêche les Palestiniens d'accéder aux soins médicaux d'urgence et à l'eau. Tout en jugeant légitime le souci de sécurité d'Israël, le comité composé de dix-huit experts indépendants conclut que “le droit international ne peut pas justifier n'importe quelle action au nom de la sécurité”. C'est là une condamnation de plus du projet israélien, qui est en fait un traçage par Israël de la frontière du futur état palestinien, tel que voulu par Tel-Aviv. Devant cette condamnation de la communauté internationale, un haut responsable israélien a affirmé : “Il est possible de trouver des alternatives au tracé futur de la clôture, compte tenu des remarques américaines et de la volonté clairement exprimée par le premier ministre de minimiser autant que possible les dommages infligés par sa construction aux palestiniens.” Il a cependant ajouté : “Il n'est pas question de modifier le tracé de ce qui a été construit, mais aucune décision n'a été prise encore concernant la suite des travaux.” Pour information, la largeur de ce mur atteint parfois des dizaines de mètres, dont une clôture électronique, des pistes de patrouille, des fossés antichars et par endroits une muraille en béton de 8 mètres de haut. La première partie, longue de 145 kilomètres, a été achevée le 31 juillet dernier et son inauguration a été annulée à cause des pressions américaines. En attendant, Israël continue à faire la sourde oreille et compte poursuivre son ouvrage, à moins que Washington ne pèse de tout son poids pour faire plier Ariel Sharon. K. A.